Extrait du journal

Ce sont des « rescapées », des mères venues là veille à l’hospice, avec l’intention d’a bandonner leur bébé. On leur a indiqué la Maison maternelle de Châtillon. Elles ont accepté avec joie, et ce soir elles par tiront avec leurs enfants. Tous ces bébés ne sont ici que pour peu de temps. Deux ou trois jours après leur admission ils sont envoyés chez des nour rices, à la campagne. Seuls 'sont conservés à l’hospice les en fants que leur état maladif ne permet pas d’envoyer immédiatement à la campagne. Deux grandes salles sont affectées à ces « nourriceries.». On y voit de bien tristes petits visages. Tous ces enfants sont tarés. Dans un jardin, voici encore des bébés souffreteux, qui font dans leurs berceaux une cure de grand air. Cinq pavillons isolés, dans un massif de verdure, sont affectés aux eiifànts atteints de maladies contagieuses. Là, ce sont les1 grands bâtiments des filles et des garçons « en dépôt ». C’est-àdire admis temporairement à l’hospice. Ce sont ceux qui se trouvent sans protection ni moyen d’existence par suite de l’hospi talisation ou de la détention des parents. Le dortoir est une grande salle toute ripojinée blanc..Les lits sont alignés en deux grandes files. Un édredon vert-ldeu bombe sur les couvertures, mettant . dans toute cette blancheur une note plus vive, plus moderne. Devant lès lits court une longue carpette bleu-vert. ' Au> rez-de-chaussée, le réfectoire est d’une propreté impeccable. Les couverts et les assiettes sont en étain. Lé menu : une soupe le matin ; à midi, une soupe, plat de viande, légume, dessert ; le soir, soupe, légume, dessert. ' ' ; Les enfants sont vêtus de blouses bleues. Us ont l’air de petits prisonniers. - C’est vrai, dit M. Deschâtres ; aussi ai-je décidé de remplacer ces blouses par des grands tabliers noirs avec une ceinture de cuir, comme en ont tous les écoliers. — Mais quelle est leur vie ? —- Nous plaçons tous nos pupilles à la campagne, chez les ruraux. Jusqu’à treize ans, ils vont en classe. Nous les suivons pas à pas. Après le certificat d’études, nous envoyons au lycée ou en apprentis sage ceux qui ont dés aptitudes spéciales. « Si ce n’était par discrétion, je pour rais vous citer les noms de plusieurs per sonnes qui occupent à Paris de hautes si tuations et qui sortent de chez nous ; no tamment un peintre très en vogue. « Au sortir de l’école communale, la...