Extrait du journal

Et ce n'est pas un cas isolé. Les poilus du front, les blessés que nous côtoyons, préfèrent, a'ux heures de repos, )a chansonnette et la poésie légère aux hymnes officiels et aux dithyrambes patriotiques, les pochades de nos humoristes aux récits pathétiques des quotidiens. Il parait dans les tranchées deux ou trois périodiques que je lis avec ferveur, parce qu'ils m'en disent plus long que tout. le reste sur ce que c'est que l'héroïsme. Ils parlent, en vers et en prose, de jolies choses printanières, ils impriment des « fables-express », des saynètes très farces ou très graveleuses. Ils ne parlent de la guerre que fort rarement et pour en plaisanter. Ils s,elmlblffilt même l'ignorer ; ils fleurissent comme ça, tout simplement, comme des coquelicots sur des ruines....