Extrait du journal

Peut-être est-il temps de rappeler ici l'état-civil du mourant. Le cardinal Mathieu, perspicace historien, a, il y a quelque trois ans, raconte après bien d'autres, mais de façon plus piquaate, sa naissance et ses premiers pas il en a dit les parrains; il a signalé, avec Inexpérience d'un prélat qui se promena des séminaires lorrains aux palais épiscopaux d'Angers et de Toulouse, les infirmités que dès sa naissance présenta l'enfant et qui devaient parfois gêner sa marche: nous connaissons je saint pape qui le baptisa et le rude tuteur qui, de son cabinet des Tuileries, pela ses premiers pas. Nous savons aussi dans quels accidents il faillit perdre 1a vie et quels bons paiens sauvèrent ses jours, de Portalis qui le couva, a WaldeckRousseau qui soutint sa vieillesse. L'enfant, après tout, était né vigoureux il enterra tous ses tuteurs et vécut cent quatre ans. Il parut un instant défier les ans, pareil à ces tours de Bologne et de Pise qui penchent toujours et ne tombent point. C'est de son véritable père que le Concordat tint cette disposition à la longévité: ce père avait vécu très exactement 276 ans, ce qui est un joli chiffre; nous le connaissons peu, ce vigoureux vieillard. Il naquit en Italie:ses parrains furent un pape, moins édifiant que Pie VII, et un prince plus élégant que Bonaparte; Louis XIV entendit, vers sa 125' année, le mettre en charte privée. Il ne mourut point de sa belle mort de la façon la plus imprévue, il fut tué par un vote inopiné de la Constituante; Talleyrand le jeta par terre et Grégoire l'enterra. Son existence ne fut donc point sans intérêt....