Extrait du journal

La moitié de la France est occupée à examiner l'autre. Nous sommes convaincus, en effet, que le progrès de l'individu dans la hiérarchie sociale ne saurait se faire que par examens. L'examen, pour nous, se confond avec la justice ce n'est pas pour rien qu'il signifiait etymologiquement « aiguille de balance ». Quand cette aiguille marque un chiffre élevé, tous admirent la perspicacité si elle tend vers zéro, on la considère avec méfiance et l'on accuse la balance d'être fausse. C'est une loi de nature parfaitement connue des professeurs qui savent à quoi ils s'exposent en entrant dans l'Université et en siégeant dans un jury. ils Bavent qu'après avoir corrigé quelques centaines de copies, ils seront payés pour chacune 1 franc 95, un prix de grand bazar Ils savent aussi qu'après avoir siégé des heures caniculaires derrière la table verte, avoir absorbé, pendant ce temps, plus de sottises qu'un Français moyen peut raisonnablement espérer en entendre pendant sa vie entière, ils seront obligatoirement taxés d'injustice ou de gâtisme suivant leur âge par les candidats malheureux. Il est vrai qu'ils seront somptueusement indemnisés au prix de deux francs par candidat-bachelier et on ose parler de vie chère Il n'est tel que de se connaître avant de s'affronter. Je voudrais donc indiquer rapidement au candidat ce qu'est au juste un examinateur et les précautions élémentaires à prendre pour ne pas le rendre enragé....