Extrait du journal

J'imagine que le « Corse aux cheveux plats devait être bien en colère le jour où, intervenant dans les discussions qui éclataient parmi les juristes chargés de la rédaction du Code Civil, il dit à ceux-ci Est-ce que vous ne ferez pas promettre obéissance aux femmes ? On le leur dit en latin & l'église, mais les femmes n'entendent pas le latin, il faut que ce soit dit en français. Il faudrait une formule pour l'officier d'état civil qui contint la promesse d'obéissance et de fidélité pour la femme. Il faut qu'elle sache qu'en sortant de la tutelle de sa famille, elle passe sous celle de son mari. L'obéissance ce mot-là est bon. Hélas hélas tout le mal nous vient de Joséphine. Jadis, Eve désobéissante fut déclarée responsable du courroux du Seigneur et nous valut d'enfanter dans la douleur il y a cent vingt-six ans, une autre femme, séduisante et frivole, dit la légende, nous valut le courroux du Premier Consul et l'incapacité de la femme mariée. Depuis ce temps, au jour sacré du mariage, la jeune épousée écoutant toute tremblante sous ses voiles la lecture du Code Civil Jure obéissance à son mari et de le suivre partout où il va. (Code civil, c£. VI, art. 213 et 214.) Après le prononcé de ce vœu et la cérémonie terminée, celle qui la veille encore pouvait agir au point de vue civil comme le plus raisonnable des hommes a perdu toute personnalité juridique et se trouve reléguée parmi les mineurs et les fous. Las Quelle triste punition, alors qu'elle mériterait récompense Mais c'est la faute de Joséphine...