Extrait du journal

Il est parfois certaines nuits qui sont terriblement opaques : c’est un peu le cas des nuits de la période que nous traversons. L'n souvenir me revient : c’était en septembre 1918. Un soir, sur les bords de la Vesle, à l’est de Reims, je reçus l’ordre de conduire à travers bois ma section d’infanterie d’un poste à un autre. Nuit noire. Nous perdîmes sous un bombardement le fil conducteur et, à la boussole, au milieu des taillis, je fis de mon mieux. Ce souvenir m’est resté : nous passâmes à quelques mètres du sentier que nous côtoyâmes sans l’apercevoir ; nous arrivâmes malgré tout à l'endroit désigné mais nous ne pûmes trouver les « nuitonnes ». Il fallut dans l'obscurité attendre le jour pour y voir clair et pour pénétrer dans les...