Extrait du journal

Gais satiristes armés du crayon , vous par qui l’on peut rire encore dans notre France féconde , comme toujours, en ridicules, en vices, en petitesses, en travers et en ferronneries, Daumier,Grandville, Benjamin, Bouchot, vous tous, espoir ou soutiens de la Caricature renaissante, de grâce, venez donc rendre visite à l’antique séjour de Thémis: on vous y attend ; pour vous on y pose , et cette fois du moins vous n’y paraîtrez pas, comme trop souvent votre sœur, la presse politique , escortés, menacés, traqués ou tapés ; mais comme de bonnes gens arrivant chez eux, comme des maîtres visitant leurs domaines, et venant à l’aise y faire récolte d’amples et plantureuses moissons. Et vous ne plaindrez pas votre peine , je vous assure ; car au Palais de Justice la caricature abonde, du seuil de la grand’salle au siège du plus humble des assistais. D’abord et dès l’entrée vous traversez ce long préau où plaideurs et habitués se croisent et se pressent, suivis et couvés de l'œil par quelques robes noires a visage citron, traînant sous leur bras un portefeuille vide ou de lourds dossiers de papier gris ; maraudeurs judiciaires , racolant les causes dans les couloirs, ainsi que font sur l’asphalte des trottoirs , a la nuit tombante, les douteuses beautés des environs •le nos boulevards. Evitez le contact de pareilles gens, la Caricature s’y salirait, et grimpez hardiment le rapide escalier de la chambre correctionnelle, un par...