Extrait du journal
ancien membre de sa chambre. Or, M. Lœw a choisi M. Bard, qui était le huitième sur la liste. Pourquoi ? M. Bai d n’était-il nas déjà connu pour ses opinions drevfusistes. On n’a pas oublié le rapport de M. Bard. Jamais la cour suprême, qui a plus d’un siècle d’existence, n’avait vu un rapporteur méconnaître plus étrangement les tradi tions et les convenances. On dit que des pièces ont été altérées à la lecture ; je n’en sais absolument rien : mais le fait devait être tiré au clair, car, dans l’affirmative, il eût constitué un cas disciplinaire. Ce qui est certain d’ores et déjà, cfest que M. Bard a fait échec aux lois en attaquant la juri diction des conseils de guerre et en con testant, à propos de l’arrêt Dreyfus, l’au torité de la chose jugée. Depuis lors, la chambre criminelle a écarté la question juridique, la seule dont elle fût saisie, pour engager une instruction de révision immédiate, qui est illégale, et qu’elle conduit à l’imitation des anciens procès de tendance Ses préférences et ses antipathicsoniété manifestées ouvertement. Par son attitude, elle a jeté la douleur et l’indignation dans tous nos rangs. Notez bien qu’en parlant de la chambre criminelle je n’entends parler que de quel ques uns de ses membres; les autres ont droit à tout notre respect. J’ai souffert peut-être plus que beaucoup de mes collègues,parce que je suis un chourrn, un ancien soldat, et qu’en voyant des magistrats de ma cour manquer à notre armée en faveur d’un traitre j’avais le cœur déchiré. Mais je suis esclave de la discipline : j’ai gardé le -ilence. Or, voici qu’un beau jour l’affaire est venue à moi malgré moi. Un incident s’est projuit dans mon propre cabinet. En dépit d’apparences très atténuantes, j’en ai pres senti la gravité ; pourtant je me suis tu. Dès que le fait a été ébruité, à mon insu, on est venu me prévenir qu’ « il n’y avait pas que cela ». Je me consultais, lorsque le ministre a prescrit une enquête. Alors j’ai dû m’expliquer. J’ai écarté à dessein les récits dont l’ori gine m'échappait, pour m’en tenir aux faits dont j’étais sur. Le président et le conseiller visés dans ma déposition ont adopté ie système usuel ; M. Lœw a crié en tous lieux que ma décla ration était « inqualifiable », et M. Bard m’a écrit une lettre d’injures. De bonnes raisons auraient été préférables, dans leur intérêt. Ils m’ont accusé d’avoir dénoncé des col lègues oubliant trop qu’ils s'étaient dénon cés eux-mêmes. Non, je n’ai nas dénoncé, j’ai témoigné. J’ai parlé quand on m’a in terrogé, et sans provoquer les questions Tous les honnêtes gens, tous les patriotes approuveront ce que j’ai fait. Dans un cas extrême de péril public, j’ai défendu ma chère magistrature en séparant sa cause des magistrats égarés qui la discréditent et la perdent. J’ai vu ces affolés poursuivant une œuvre néfaste, au mépris de la mission que nos lois leur traçaient ; déchaînant les passions par leur passion ; portant des coups qui allaient jusqu’au drapeau et pré parant inconsciemment la guerre civile Alors, m<>i, le camarade suret tolérant,moi qui mettais l’esprit de corps au-dessus de tout, je me suis détourné avec colère. Dans ces collègues-là, ma conscience m’a montré l’ennemi, car elle me montrait des déser teurs. Il S'agissait de l'honneur de notre robe, des officiers de notre armée, de tout ce rjuiest respectable : j’ai parlésans hésiter, et j’ai parlé haut parce qu’en un cas sem blable la complaisance confinerait à la tra hison. J’ai été désolé de servir de témoin contre des collègues, oui; mais j’ai fait ce que je devais en me plaçant en travers de leurs dessins. Si j’ai pu les arrêter, j’aurai la double joie de leur épargner des remords et d’avoir été utile à mon pays. J’ai donc fait la déclaration qu’on .me de mandait. Ceci m’amène à dire la vérité sur un point délicat.Entendez,bien ceci: il 11’vn pas eu d’enquête; il n’y a eu qu’un semblant d’enquête. On m’a entendu par ordre, on n’a rien cherché; on a laissé percer le désir ardent de ne troubler la quiétude de per sonne. Ce que je savais devait n’être qu’un point de départ : la lumière éclatait par tout au Palais, les faits les plus graves se racontaient à haute voix. Il aurait suffi d'un peu de volonté pour atteindre le mal jusque dans ses racines. Le premier prési dent, chargé de l’enquête, était le gardien...
À propos
Lancée en 1888 par Georges de Labruyère, La Cocarde fut longtemps un titre dévoué corps et âme au mouvement boulangiste. Après l'écroulement de celui-ci, le périodique renforce sa ligne démocrate-chrétienne tout en rencontrant de plus en plus de difficultés financières. Plusieurs directeurs s'y succèdent, dont Maurice Barrès, mais aucun ne réussit à ranimer le périodique. Il continue toutefois sa parution jusqu'en 1938 avec un tirage extrêmement confidentiel – estimé à quelque 25 exemplaires par numéro.
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