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La Cocarde, 18 janvier 1895

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La Cocarde
18 janvier 1895


Extrait du journal

voyance politique, elle comprcnprendrait que l'abdication de M. Casimir-Pcrier n’est pas seulement un acte de dépit d’un hobereau provin cial et millionnaire, mais quelle est aussi l’attestation de l’impuissance qu’éprouveront tour à tour les élus du Congrès à exercer une fonc tion plus utopique que le plus utopique des systèmes socialistes. Et cette majorité, qui n’a qu’à vou loir pour être toute-puissante et que ne peut engager ni retenir un texte vieux de dix-neuf ans, adopté à cinq voix de majorité, se déclarerait souveraine et affirmerait qu’il y a lieu à réviser. La Révision, qui ne changerait pas profondément le régime, en atténue rait du moins pour un moment les abus, les vices et les absurdités, et rendrait pour quelques années, au pays découragé et dégoûté, l’espoir de réformes et d’un avenir meilleur. Et la révolution, ou la débâcle qui la remplacera,et qui sera plus aveugle et plus terrible, pourrait en être re tardée. Mais les parlementaires réunis en ce moment à Versailles n'auront ni cette sagesse ni cette prévoyance. Comme les royalistes qui crient: « Le roi est mort ! vive le roi ! » au lendemain du jour où un président qu'ils ont élu il y a six mois, abdi que, en déclarant qu’il ne peut ac complir sa fonction présidentielle, ils vont élire un nouveau président, après avoir repoussé par un vote d’ordre du jour préalable la Révision si elle leur est proposée. Le soliveau qu’ils vont implanter n’est qu’un paratonnerre qui appelle la foudre sans qu’il y ait de puits où il la puisse conduire. Qu’ils le dres sent donc ! On peut leur prédire que la foudre tombera,car l’atmosphère politique est grosse d’orage, et, pour n’avoir pas voulu faire la révision qui serait un palliatif, ils auront la Révolution qui les emportera avec leur constitution et leur régime,dans sa tourmente. Pierre Denis....

À propos

Lancée en 1888 par Georges de Labruyère, La Cocarde fut longtemps un titre dévoué corps et âme au mouvement boulangiste. Après l'écroulement de celui-ci, le périodique renforce sa ligne démocrate-chrétienne tout en rencontrant de plus en plus de difficultés financières. Plusieurs directeurs s'y succèdent, dont Maurice Barrès, mais aucun ne réussit à ranimer le périodique. Il continue toutefois sa parution jusqu'en 1938 avec un tirage extrêmement confidentiel – estimé à quelque 25 exemplaires par numéro.

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