Extrait du journal

Depuis h mort de Mirabeau et de Thiers la France c’a pas ressenti de commotion intime plus vive que la douleur qu’elle éprouve devant le cercueil de Gambetta. Le parti républicain est presque décapité. La perte est grande, surtout pour le pays, car Gambetta était l’homme désigné comme chef suprême de la nation si quelque nouvelle crise avait contraint la France à de grands et sanglants efforts. Mais cette perte n'est pas irréparable. Depuis douze ans notre renaissance politique a formé des talents et mûri des caractères Prétendre que les esprits supérieurs soient nombreux serait une choquante erreur, mais il ne convient pas de désespérer parce qu'un patriote illustre disparaît du monde. Rendo s à la mémoire de Gambetta les hommages dont elle est si digne, honorons son dévouement à a patrie, célébrons son éloquence, rappe. Ions ses généreux élans de 1870, mais sachons reconnaître ce que nous devons à la liberté. La démocratie grandit, se fortifie, s'é ive, prend de plus en plus la direction des destinées nationales; or, un peuple libre trouve toujours en lui les forces qui lui sont nécessaires pour accomplir ses œuvres. La mort de Gambetta n’arrêtera pas la marche de la France....