Extrait du journal

« Lundi Tisseau : mort». C’est l’organe de l’évêché du Mans, La Semaine Fidèle, qui nous l’apporte. La feuille pieuse nous conte la conversion de Tisseau et de Nollot — car Nollot, lui aussi, s’est converti avant d’offrir sa tète au couteau de Deibler. « Quel magnifique chapitre. dit-elle, en ajouterait aux Merveilles de la Foi en racontant la conversion sincère et la mort édifiante de ces deux soldats ! L'une et l’autre furent sans doute l’effet de la grâce de Dieu. » Elle reproduit aussi la brève exhortation adressée par l’aumônier aux deux condamnés, après fa communion: « Mes enfants, le bon Dieu vient de vous honorer de sa visite; allez la Lui rendre, l’âme tout à la joie, le cœur plein d’espérance, et j’ajoute, le sourire sur les lèvres ». Les condamnés ont peut-être l âme tout à la joie et le cœur plein d’espérance, mais leurs lèvres hésitent encore à sourire. L’excellent aumônier insiste: « Partez, je vous le répète, le sourire sur les lèvres, le bon Dieu vous attend. » Les condamnés ne sourient toujours pas, mais l’un d’eux, Nollot, se décide à parler: « Depuis quinze jours, Monsieur l’aumônier, je l’offre au bon Dieu, ma vie, mais à cette heure, je la lui offre de nouveau. » Et comme l’aumônier pleure: « Pourquoi pleurez-vous, Monsieur l’abbé? reprend Nollot. Dans quelques secondes je serais plus heureux que vous. » M. l’évêque du Mans...