Extrait du journal

Il avait raison, le poète qui écrivit que l’homme absurde est celui qui ne change jamais. Nous venons de l’éprou ver pour les premières réunions du Congrès radical. Les assises de Con grès étaient précédées, mercredi, d’une réunion du parti régional. Seigneur! on se serait cru dans un cabinet d’histoire naturelle. Cela sentait les principes ren fermés, les collections poussiéreuses. En écoutant les orateurs les plus qualifiés, ii semblait que s’élevaient des voix d’outre-tombe. Décidément, ce pauvre parti radical, qui n’a pas su vaincre, se pré pare à mourir une seconde fois. On ne gouverne pas avec des fossiles. En toute sincérité, comment des hom mes qui ont vécu la guerre — je 11e dis pas qui l’ont faite, car tel héros qui se proclame lui-même, sut se faire éva cuer, tel élu si vaillant aujourd’hui, goûta sans danger les charmes de l’ar rière — comment ces hommes n’ont-ils pas compris qu’il fallait à ce pays mar tyrisé autre chose que les vieilles for mules ? Non, avaler la phrase bien con nue, ils n’ont rien appris et rien oublié. Les voici qui nous exhibent le réper toire le plus usé qui soit, les articles d’un programme qui ne fait plus re cette. Et cependant, il y avait pour le parti radical une occasion unique de montrer qu’il avait aéré ses méthodes, élargi ses vues. Sur certains points, il peut encore le faire. Il a trois jours pour cela. Après ce délai et selon ses œuvres, il sera jugé par l’opinion. Le début est mauvais. On a exhumé Caillaux. Que venait faire dans le débat ce spectre sanglant ? comme dirait M. Henri Mi...