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La Croix, 3 novembre 1911

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La Croix
3 novembre 1911


Extrait du journal

Les Petites-Sieurs de l’Assomption seront-elles expulsées? Un très grand nombre de journaux, et pas seulement des journaux catholiques, se font l’écho de l’énorme émotion causée dans les quartiers ouvriers par i’annonce de l’imminente expulsion des Petites-Sœurs de l’Assomption, garde-malades des pau vres à domicile, et de l’indignation que cause cette nouvelle odieuse. A Levallois, les amis des Petites-Sœurs ont barricadé la maison. Affiches et tracts exposent à l’opinion publique le mons trueux attentat, qu’on a annoncé. Dans plusieurs maisons, de braves gens tiennent a monter la garde. Pendant toute la journée d’hier, c’étaient des allées et venues continuelles d’amis en larmes venant dire leur douleur, leur colère et offrir de la manière la plus tou chante leurs services . . A Lyon, l’agitation aussi va croissant. Le Conseil municipal en a été saisi. M. Herriot, maire de Lyon, devant l’exposé des brutalités que nous avons relatées, a dit que, si les faits étaient exacts — or ils le sont — on ne saurait les approuver et qu’il allait ouvrir une enquête. Personne dans le Conseil municipal de Lyon n'a osé relever les paroles protestataires de MM. Gervais et Yalansio et prendre la défense de ce qui s'est passé .à Cuire contre les servantes dévouées des pauvres. M. Loti, tout en faisant une déclaration attristante de non catholicisme, publie dans le Figaro un article ému. Bref, l’indignation est générale, et il est certain que si les Domaines persistaient à vouloir commettre cette faute, elle ne se consommera pas sans de graves incidents. Un fait domine toute cette question. Les Petites-Sœurs de l’Assomption, le Journal des Débats l’a fait observer dès la première heure, sont purement hospitalières : du malin au soir, elles se répartissent dans les ménages ouvriers où il y a des malades, et elles soignent, sans rétribution aucune, le malade et sa famille. Tout gouvernement qui porterait la main'sur une telle œuvre se couvrirait de honte, et les menaces de l’administration des Domaines contre elle étonnent, malgré tout ce qu’on a déjà vu en France. Le gouvernement n’a qu’à faire faire une enquête dans les quartiers populaires. Il saura aussitôt quels services ces femmes admirables. rendent et combien elles sont aimées. A l’heure où de si graves préoccupations retiennent, l’attention publique et réclament l’union de tous tes bons citoyens, tes per sécuter serait comme un crime de lesepatrie. Nous voulons espérer qu’il ne se com mettra pas. En tout cas, il est certain que s’il se commet, les Petites-Sœurs seront noblement défendues par les ouvriers qu’elles ont soignés. Ils montreront que, eux qui ne peuvent pas donner de l’argent, donnent de la reconnaissance à pleines mains. Quant aux Petites-Sœurs, elles attendent en prière, émues de tant de sympathies et répétant à tous : — Nous ne sommes pas des violentes, mais nous restons chez nous jusqu’à ce que nous en ayons été chassées. Notre plus vif regret est de rester inactives. Nos malades, nos pauvres nous réclament, mais notre devoir est de rester dans notre maison, C’est, croyez-nous, une peine profonde que de ne pas aller visiter nos amis comme nous en avions l’habitude chaque jour....

À propos

La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.

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