Extrait du journal

Même en Amérique où le duel était alors dans les mœurs — mais duel sérieux toujours suivi de mort — il ne mesouvient pasd’avoir vu un seul duel militaire pendant les quatre années qu’a duré la guerre de la Sécession. Ici quelques mots à propos des duels que les anciens officiers du premier Empire eurent avec les officiers de la Restauration; duels expliqués par la politique. * • « Le duel, sans danger pour les duellistes, tel qu’il se pratique généralement en France, constitue cependant parfois un danger invo lontaire. Certainement, personne n’a l’intention de se faire du mal. On s’en fait pourtant. Je laisse de côté le dernier accident, beaucoup moins grave à mes yeux que le duel régi mentaire par ordre du colonel. * « V Tout le monde a présent à l’esprit ces deux duels entre sous-officiers de cavalerie, le dernier à l’Ecole militaire. Deux jeunes sous-officiers avaient échangé des injures. L’écurie n’est pas précisément un salon. Ils s’étaient réconciliés et ne se souvenaient plus. Le colonel, lui, se souvenait. 11 les fit venir au rapport et leur intima l’ordre d’aller s’aligner au manège. Ils y furent, les braves garçons, bien à contre-cœur, et s’alignèrent si bien que la latte de l’un traversa l’autre. * « * Tels sont les faits, voyons les conséquences. Qui payera ? La loi est formelle, mort ou incapacité de travail en service commandé, l’Etat est res ponsable et doit la pension. L’Etat, c’est nous ; et moi, ennemi déclaré du duel, à qui on a refusé la pension en faveur des vieux paysans, je vais payer une pension au duel alors qu’on la refuse au travail i Mais la loi elle-même a été violée par le colonel. La loi réprouve le duel. Et alors ? A qui la famille aura-t-elle recours? On l’éconduira, c’est entendu. Mais c’est simplement odieux. C’est donc pour ça que les mères font des enfants? Pendant vingt ans, père et mère ont bûché dur, se sont privés de tout afin de mettre au point un beau gars. C’est pour la patrie. Pas du tout, c’est pour le colonel qui l’envoie se faire embrocher par un de ses camarades, au nom du respect humain et de la discipline, dans un obscur manège de quartier... Mons trueux I * * * Et maintenant, parlons de la discipline. Croit-on qu’elle puisse s’exercer en dehors de la loi ? Est-ce que le réspect de la loi n’est pas le premier élément de la discipline? Ce colonel qui viole la loi est-il apte à se récla mer de la discipline? Et si ces deux braves garçons lui eussent répondu : « Pardon, mon colonel, la loi inter dit le duel, elle est au-dessus de la discipline, nous lui obéissons. » Comment invoquer le respect des lois, si ceux qui sont chargés de les faire respecter donnent au peuple l’exemple de leur violation? Cet état de choses dégradant et avilissant à tous les points de vue doit cesser. Ici cette dernière phrase très malheu reuse : U n’est pas admissible une la France républicaine, fille du peuple et des droit» de l’homme, de la raison et de la morale, continue â tolérer une pratique aussi odieuse que ridicule. Cette phrase devrait être remplacée par la suivante : Il n’est pas admissible que la France catholique, fille aînée de l’Eglise, et où sa morale règne depuis dix-huit siècles, con tinue à tolérer une pratique aussi odieuse et ridioule que contraire à l’Evangile. Le M. La loi proposée par M. Cluseret n’est du reste pas assez sévère. M. Maxime Lecomte, sénateur rôuge du Nord, propose de son côté au Sénat une loi contre le duel. Mgr Freppel l’avait essayé autrefois, et nous déplorons que la thèse de l’Eglise en faveur des faibles et de la justice soit relevée par ses ennemis. Toutefois, nous nous réjouissons de voir la thèse catholique triompher même par •ht. üalutem ex Inù/ifei*....