Extrait du journal

Bourges, le 16 février 1891. On sait que la Chambre est saisie d’une proposition de loi concernant les accidents qui surviennent à l’ou vrier dans l’exercice de sa profession. Ce projet est comme le complément nécessaire de l’œuvre législative sur la réglementation du travail. Dans l’état actuel de l’industrie, où les appareils mécaniques jouent un si grand rôle, il n’est pas douteux que .es travailleurs sont beaucoup plus exposés, et que, dans la plupart des -;as, ils sont moins victimes de leur imprudence que du mauvais état ou de l’imperfection des machines em ployées par le patron qui se montre ordinairement peu empressé à rem placer un outillage surmené ou hors de service parce qu’il y voit avant tout une question d’intérêt. Il était donc logique et conforme à la législation du travail contemporain de faire retomber dans la plupart des cas la responsabilité des accidents sur les chefs d’industrie. Mais cela ne suffit pas; il faut prendre des mesures pour empêcher q *3 cette responsabilité ne soit illu soire et que ceux à qui elle incombe ne puissent s’y soustraire. C’est ce qui a décidé le Ministre du Commerce et de l’industrie à déposer une loi ayant pour objet de rendre obligatoire pou: tas patrons et pour les ouvriers l’assurance contre les accidents. « Obligatoire » voilà un mot qui, pour certains esprits qui ont l’habi tude d’envisager les choses plutôt au point de vue spéculatif qu’au point de vue pratique, paraîtra d’autant plus malsonnant qu’il doit figurer dans une loi démocratique. Il est possible que le mot « obligatoire » éveille l’idée de la négation d’une liberté. Nous l’admettons sans conteste, mais dans les questions de cette nature il ne faut pas se placer sur le terrain de l’absolu ; il est plus sage et plus utile de rechercher ce qui est pratique et de nature à atteindre le but que Von se propose. De quoi s’agit-il dans le cas pré sent ? Il s’agit d’assurer une indemnité et des ressources à l’ouvrier qu’un acci dent met dans l’impossibilité de ga...