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La Démocratie du Cher, 19 février 1891

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La Démocratie du Cher
19 février 1891


Extrait du journal

Bourges, le 18 février 181)1. Il y a des milliers de gens atteints par la fugue de Victor Berneau, dit Macé ; mais pour nous le plus atteint c’est le pape. Les autres n’ont perdu que de l’ar gent ; pas tous, car le banquier de la rue Cadet a tenu bon pendant cinq ans. A cent-vingt pour cent d’intérêts par an, les déposants de la première année ont fait le contraire de perdre, ils ont plus que quintuplé leur capi tal ; ceux de la deuxième année l’ont plus que quadruplé, etc. 11 n’y a que les déposants récents qui ont vu leur capital s’en aller dans le trou que Macé a fait à la lune. Certes, ce n’est pas chose habituelle qu’un banquier offre à ses déposants cent-vingt pour cent d’intérêts et les. leur donne cinq ans de suite ; c’est également une aventure peu fréquente qu’un faiseur en levant le pied laisse quatre cent mille francs dans sa caisse et pour un million de titres à la Banque lyonnaise ; mais ce qui me frappe surtout dans l’affaire, c’est le rôle qu’y joue le clergé, le pape en tête. Sur les dix-sept mille clients de Macé, il y avait six mille prêtres. Que des curés de campagne, pas in telligents et pas riches, n’aient pas résisté à la tentation d’un intérêt su périeur à leur capital, soit; mais les évêques et les archevêques, qui ne passent pas pour être naïfs, ont apporté leur argent comme les be deaux. Dans un temps où le taux de l’argent est à trois pour cent par an, ils ont cru à la durée d’un individu qui leur en donnait dix pour cent par mois. Un dit : — Non, ils n’y ont pas cru. Ils n’étaient pas assez aveugles pour ne pas voir que ça ne durerait pas. Mais puisqu’on un an ils rattra paient plus que leur capital, puis qu’on deux ans ils le doublaient, le triplaient en trois, etc., ils se disaient que, ça ne durât-il que quelques an nées, ce serait encore un admirable placement. Mais le pape, lui, croyait à la du rée de Macé. Sans cela, il ne lui au rait pas envoyé sa bénédiction et son portrait. Il y a trois semaines, le 25 janvier, l'Église de France publiait la note sui vante :...

À propos

Le journal La Démocratie du Cher est la déclinaison locale d'un journal lancé en 1880 à Montluçon sous le titre La Démocratie bourbonnaise. Le journal est rénommé La Démocratie du Centre en juin 1881. Dans le Cher, le journal La Démocratie du Cher remplace ce même journal en octobre 1881. Il devient La Démocratie en 1894 puis disparaît en 1896.

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