Extrait du journal

Un doux sourire éclaira la physio nomie de la jeune fille. Alors elle ré pondit : — Vous me demandez, monsieur, ce qui me retient auprès de mon père adoptif ; vous auriez pu le deviner, c’est la reconnaissance. C’est à lui et à Jacqueline, sa femme, que je dois d’être vivante ou de ne pas avoir été abandonnée à la charité publique. Je ne saurais penser à ma pauvre mère adoptive sans que des larmes me viennent aux yeux. Si vous saviez combien elle a été bonne pour moi, avec qu’elle sollicitude elle a veillé sur mon enfance ! Pauvre maman Jacqueline ! elle était toute d’abnégation et de dévoue ment ; trop tôt pour moi, hélas ! elle est morte... Lorsque nous avons quitté le Midi pour venir à Montlhéry, mon père adoptif était un bon ouvrier, qui ne se dérangeait jamais. C’est entraî né par les gens qui fréquentaient l’au berge qu’il a pris l’habitude de se li vrer à la boisson. Ah ! comme maman Jacqueline a vivement regretté d’avoir quitté La Palud. Elle est morte dans mes bras et, avant de rendre le dernier soupir, elle m’a dit : —- « Il ne faudra pas quitter ton pè re, tu resteras auprès de lui aussi longtemps qu’il aura besoin de toi. » Voilà pourquoi, en dépit de tout, je reste. — Malheureusement, mademoiselle, vous ne pouvez rien pour lui ; votre existence dans la maison, déjà diffi cile, deviendra impossible, et qui sait si cet homme, monté contre vous,...