Extrait du journal

Cette vallée de la Théols (non loin de | Reuilly qui s’inscrit juste à la frontière des départements du Cher et de l’Indre > me conduit à ce beau château de la Ferté qui pointe ses coupoles à campaniles dans un remarquable cadre de verdure. Je serais tenté de le placer au nombre des sept merveilles du Berry, mais comme je n’ai pas tout vu et que je m’abrite surtout sous l’autorité de nos correspondants, je me garde encore de prendre parti. Le jour d’été meut des taches de soleil sur la prairie. Un silence mélodieux, pourrait-on dire, tant, lorsqu’on s’arrête, l’animent de concerts imperceptibles : frelons, insectes frémissants, bondisse ments de sauterelles, plane à l’ombre des grands arbres et sous les buissons touffus. Je m’arrête un instant. Il fait chaud. La rivière coule avec lenteur non loin d’un moulin verdi de mousse dont la grande roue à palettes est immobile. Je rêvais donc devant la beauté du lieu lorsqu’une biquette blanche, ressemblant un peu à celle de « Monsieur Séguin », vint familièrement me lécher la main. Une autre suivit au pelage plus sombre, puis une autre encore. Toutes se mon trèrent de bonne compagnie et comme heureuse de me voir. — Ces bêtes, me suis-je dit, appar tiennent à un bon maitre qui ne les a jamais brusquées. Et, sur cette réflexion, une petite chienne couleur de neige, au museau en truffe et aux oreilles noires, vive et gen tille aussi, en me voyant donna son coup de voix de surprise, puis, me trouvant sans doute bonne figure, vint frétiller de la queue près de moi. A ce moment, je perçus un appel im pératif : — Riblette !... La bête dressa l’oreille, bondit en arrière et, au bout d’un instant, sembla me présenter sa maîtresse que, d’ailleurs, puisque je l’attendais, je reconnus aus sitôt. Je savais, en effet, que c’était à cette heure et en ce lieu que Mlle Léontine Pennetier s’en venait faire se désaltérer ses chevrettes après le pacage de la journée....