Extrait du journal

C'est vraiment un signe du temps nouveau, Novoié Vrémia, que le discours prononcé cette semaine par M. Isvolski à la Douma. Quelle nouveauté dans ce fait seul qu'un ministre du tzar parle politique, étrangère devant une assemblée élue, alors que si longtemps cette politique étrangère fut un secret d'Etat ! M. Isvolski a expliqué à la tribune que la paix avec le Japon est solide, parce qu'elle laisse intacte la puissance russe. « L'histoire rapporte, a-t-il dit, plus d'un exemple de peuples qui ont appris à se connaître à la suite d'une guerre, et qui ont trouvé là une occasion d'établir entre eux de bonnes et sincères relations. Mais cela n'est possible que si aucune des deux parties n'a souffert de dommage dans ce qu'elle a le droit de considérer comme son patrimoine historique, dans ce que les ancêtres ont acquis par leur dévouement et dans ce qui apparaît comme une conséquence naturelle du développement national. » Tous ces mots ne portent-ils pas, faisant comprendre non seulement pourquoi la réconciliation est possible entre la Russie et le Japon pour la paix asiatique, mais encore pourquoi, en Europe même, la loyale guerre- de 1856, à Sébastopol, a préparé l'alliance franco-russe, et au contraire celle de 1870, par la violation même des principes de droit rappelés par M. Isvolski, a laissé dans la conscience des peuples soit un remords tenace, soit une imprescriptible revendication, ' et par cela même une cause persistante de trouble et d'antagonisme ?...