Extrait du journal

Que voyons-nous? Un roi trahi, vendu, touche le sol français. Ni son nom, ni ses infortunes, ni l’intérêt qui s’attache au trahi, — intérêt d’autant plus vif qu’il se combine de l’horreur qu’inspire la félonie, — ne suffisent à le protéger contre les indignités d’une police en habit brodé d’argent. Non-seulement la royauté, cette chose auguste, est méconnue; le malheur lui-même , cette chose sacrée, perd ses droits. Mais cela est jugé, n’en parlons plus. Et d’ailleurs, quand, tombé tout-à-coup du ciel de la monarchie,ce sceptre royal a été trouvé, comme un aérolithe imprévu, par une sentinelle de notre douane française, peut-être les ordres manquaient, peut-être les instructions n’étaient pas arrivées. Le sous-préfet d’une révolution peut ignorer les égards que commande un roi. Charles V n’avait pas de passeports signés par M. Gabriel Delessert ; Charles V, vous le voyez bien, appartenait à la gendarmerie royale. Tout ce que l’instinct monarchique du sous-préfet révolutionnaire pouvait lui suggérer pour honorer un prisonnier royal, c’était de se faire luimême gendarme. Et gendarme il s’est fait; que demandezvous de plus?...