Extrait du journal

vénérable monarque, ne pouvait obliger un peu ple de huit millions d’âmes à se faire tuer pour une cause qui n’était pas la sienne, à côté des oppresseurs de ses co-nationaux, dans une guerre de toute évidence voulue, provoquée, déclarée par l’Allemagne et l’Autriche. En vain, le roi répétait que la victoire de ces deux empires était sûre et que s’associer à eux, c’était obtenir de» résultats certains. Les ministres furent inébranla bles et, pour un temps, la neutralité fut mainte nue. Nos lecteurs savent ce qui a suivi : l’accord imprécis conclu avec la Russie au mois d’Octobre, par lequel le cabinet de Bucarest était auto risé, « en échange de sa neutralité, à s’annexer les territoires de la monarchie austro-hongroise habités par des Roumains, à la condition d’en prendre possession avant la fin des hostilités. » C’était déjà 1*ébauche d’une alliance. La neu tralité n’était plus qu’un leurre. Les Roumains ne pouvaient, avant la fin des hostilités, prendre possession de territoires appartenant à l’un des belligérants sans les envahir, c’est-à-dire sans entrer en guerre avec ce belligérant. Mais quels étaient les territoires « habités par les Roumains » ? 11 fallait le dire. L’entrée en action de la Roumanie se serait probablement produite à l’heure opportune, celle où les Rus ses. en possession des cols des Carpathes, mena çaient la plaine hongroise, si l’accord eût été précisé. Il ne l’était pas ; ensuite, d’interminables marchandages russes et les Roumains ne voulaient pas s’avancer sans une convention complète et indiscutable. Aujourd’hui, l’accord est fait, bien qu’aucun traité en due forme ne soit encore signé et para phé. Les frontières de la Roumanie future seront marquées par le Pruth, le Danube et la Theiss. Mais M. Bratiano a refusé de fixer une date pré cise à l’entrée en campagne et s’est réservé le droit de choisir son heure. 11 a fait, semble-t-il, autour de lui, T unanimité du peuple roumain. Les chefs de l’opposition conservatrice l’appuient. Les quelques journaux germanophiles qu’on sait...