Extrait du journal
STUPÉFIAIT! La Patrie recommande à nos lecteurs le fait que nous allons raconter dans toute son exactitude et qui soulèvera l’indigna tion de tous les honnêtes gens. Le samedi 7 août, à la nuit tombante, vers 9 heures, un jeune homme se prome nait fort tranquillement sur une grande route nationale, entre la haie du jardin d’une maison habitée et la lisière d’une forêt ; il sonnait de la trompe. Cette musique déplut à deux bracon niers, elle gênait leur affût dans le bois ; ils s’avancèrent et injurièrent le sonneur de trompe, qui crut avoir affaire à de sim ples ivrognes. Tout-à-coup l’un d’eux dit à l’autre : — Voilà assez longtemps qu’il nous... f...flanque~lui un coup de fusil. Aussitôt dit, aussitôt fait ; une balle traverse la cuisse du malheureux jeune homme qui, tout sanglant, put se traîner jusqu'à la maison voisine où il sert comme domestique. Prévenus par le maître de la maison, les gendarmes arrivent le lendemain ma tin, s’informent, battent le pays, et vers midi ramènent deux individus chez l’un desquels ils ont saisi un fusil récemment déchargé et dont les réponses embarrassées appellent leurs soupçons. Le blessé croit le reconnaître; celte impression est parta gée par une personne qui s’était trouvée non loin de lui sur la route lorsqu’il avait été frappé. Quatre heures se passent en attendant la venue ou les instructions de M. le procu reur de la République, que l’un des deux gendarmes est allé prévenir chez lui, à quelques kilomètres seulement de dis tance. Durant ces quatre heures, l’un des deux prisonniers n’avait cessé de pro férer les menaces les plus violentes contre la maison, ses serviteurs, ses habitants ; un moment même il s’était détaché et n’avait été repris qu’après une course effrénée. Arrive, enfin, non pas M. le procureur de la République, qui ne s’était pas dé rangé, non pas l’ordre de conduire tout au moins à son parquet pour y être inter rogés les deux hommes gravement soup çonnés d’une tentative de meurtre, mais l’ordre do les mettre immédiatement en liberté. Le lecteur sera-t-il aussi stupéfait que le furent les gendarmes? Il aurait tort : la maison est située à Angerville (Eure), le procureur de la République est celui d’Evreux, le blessé a le malheur d’être au service d’un monsieur L’Hôpital, classé comme réactionnaire et bonapartiste. Peut-être y aurait-il une autre expli cation : on dit que la République ferait des économies sur notre sécurité ; que les magistrats seraient invités d’en haut à ne point se déplacer, parce qu’il faut éviter les frais de déplacement, et à n’arrêter...
À propos
Lancé en 1878, La Gazette de Château-Gontier fut un bihebdomadaire, puis un hebdomadaire local. Collaborationniste pendant l’occupation, il est interdit en 1944.
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