Extrait du journal

celui des œuvres du général Bou langer. On dansait au son du violon, on acclamait au son des tambours. On avait d’autres soucis que de songer à ce qui se passait là-bas, derrière la Meuse et aux bords du Rhin. Tout à la joie. Ici on danse, vive la République ! Ici on acclame, vive le soldat de parade ! Est-ce que vraiment l’AlsaceLorraine a oublié la patrie française ? Nous ne le croyons pas et il faut, en appréciant le résultat, de ces élections, tenir compte des Alle mands immigrés dans ces villes. Il faut cependant se demander si l’état intérieur de notre pays, si le spectacle des tristesses et des hontes de la France républicaine, si l’écho qui arrive là-bas des flons-flons de la danse et des ovations aux géné raux politiciens, n’ont pas refroidi les enthousiasmes, découragé les fidélités, attristé et écœuré ceux dont le souvenir venait sans cesse à la France et que ta France, en proie à ces luttes de secte et de coterie, semble dédaigner et méconnaître. Ici on danse, ici on proscrit, ici on ruine les contribuables, on op prime les consciences, on outrage les plus vieux et les meilleurs servi teurs et soldats de la Patrie, on acclame les pires coureurs d’aven tures, on piétine dans l’odieux et le ridicule. Là-bas, on a souffert, on a espéré, on a attendu. On regarde et l’on ne voit briller que les lampions du 14 Juillet, on ne voit flotter que le pa nache d’un général de parade, et alors, sans oublier la France, sans désespérer de l’avenir, on se dé tourne, on se fatigue et si on ne se résigne pas à être Allemand, on perd confiance et on ne pousse plus avec la même ardeur le cri qui ap pelait la France à la délivrance. Danseurs et paradeurs de la Ré publique, regardez un peu là-bas, et vous aurez peut-être la pudeur et le patriotisme de rentrer vos violons et de serrer vos panaches....