Extrait du journal

Si la conquête de l’Algérie fut une grande épopée militaire, on peut dire qu’une autre épo pée non moins glorieuse, non moins héroïque, fut accomplie au point de vue moral et religieux par les Pères Blancs et les Sœurs Blanches. Nous ignorons si à Alger on songera à unir officiellement la mémoire de ces héroïques Re ligieux à celle de tous les bienfaiteurs de l’Algérie aux fêtes du Centenaire, mais les catholiques ne les oublieront pas. D’ailleurs, voici que coïncident avec le début des fêtes du Centenaire, à Carthage, sur la terre Tunisienne qui ne fait pour ainsi dire qu’un avec l’Algérie, voici que des fêtes solennelles vont avoir lieu du 7 au 11 mai. Un Congrès eucharis tique international va amener sur la terre d’Afri que des milliers de catholiques du monde entier. Un Cardinal Légat représentera officielle ment le Pape, d’autres cardinaux, des archevê ques, des évêques et des milliers de prêtres vien dront prier sur cette terre de Carthage sanctifiée aux premiers siècles par le martyre de tant de chrétiens : les Cyprien, les Perpétue, les Félicité, pour ne citer que les plus connus, puis par l’apos tolat d’un Saint Augustin, dont on fêtera l’an prochain le quinzième centenaire. Sans la conquête d’Alger il y a cent ans, la pensée mémo de ce Congrès eut été impossible. Quand, du haut des collines qui dominent l'an cien fort du vieux Carthage, les congressistes verront le port moderne de Tunis, il ne leur sera pas difficile de se représenter l’antique repaire do pirates, d’où il y a moins d’un siècle partaient des barques chargées de barbares s’élançant sur les mers pour y piller les vaisseaux marchands et en emmener les occupants comme esclaves. Après les triomphes des Congrès do Rome, d’Amsterdam, de Chicago, do Sidney, voici qu’à Carthage le Roi Eucharistique qui régna sur l’Afrique des premiers siècles jusqu’à l’arrivée des barbares, recommence son règne de paix, do bonté, de vraie liberté. Quelle preuve évidente de la jeunesse éternelle de l’Eglise que cette fête catholique si solennelle et si grandiose en un pays qui, depuis près de quinze siècles, était sous le joug des barbares, puis des mahomélans, et quel merveilleux symbole de puissance civilisatrice de l’Evangile et de ses apôtres 1 La terre d’Afrique connaît un renouveau de vie civilisée, morale et religieuse, que préparèrent il y a cent ans les conquérants d’Alger. La France plus grande, et parce que la France est missionnaire dans l’âme, l’Eglise elle aussi mieux connue, plus étendue, voilà les suites de la conquête de l’Algérie. Notre empire africain, la civilisation apportée à des peuples sauvages, voilà les résultats. Les cantiques de Carthage s’uniront aux chants d’allégresse et de reconnaissance de toute l’Algérie pendant ces belles fêtes du Centenaire qui com mence....