Extrait du journal

Ce qui ajoute encore au caractère étrange de l’incident, c’est que si le secret a vraiment été livré, on est d’accord pour indiquer le bénéfi ciaire du marché. Ce bénéficiaire ne serait autre que cette maison Arms trong, à laquelle M. Gerville-Réache prétendait, l’autre jour, qu’on avait livré des échantillons de la poudre sans fumée, à laquelle, en tout cas, il n’a pas été nié que le gouvernement commande des piè ces d’artillerie. Peut-être n’y a-t-il là, — nous voulons 1<* croire, — qu’une simple coïncidence. Pour employer le style à la mode, nous nous bornerons à dire qu’elle nous parait tout au moins fort sugges tive. En tout cas, un fait ressort avec évidence. L’autorité militaire et le parquet ne se sont sérieusement émus, l’action n’a été prompte, nette et vigoureuse, que du jour où la publication du livre de M. Turpin a mis le public dans la confidence des faits. Il semble que ce soit seule ment à partir de ce moment qu’on se soit décidé à sortir de l’inertie, comme par crainte des commentai res auxquels le public se livrerait en constatant l’indifférence persistante du gouvernement. Quelques explications à ce sujet ne seraient peut-être pas inutiles, dans le cas, bien entendu, où le gouver nement n’aurait rien à se reprocher. Sinon, on peut se dispenser d’en donner, tellement il sera clair que le gouvernement est coupable. {Correspondance Nationale.) LA GRÈVE DES OMNIBUS Lundi matin, en se réveillant, les PariBiens ont appris qu’lia devaient ae passer provisoirement d’omnibus. Dans une réunion, tenue dans la nuit de dimanche à lundi, le Syndicat d’employés qui s’est formé sous l’impulsion d’un journal radi cal, le Rappel, avait décidé, à peu près à l’unanimité, que tout travail serait sus pendu, et ce mot d’ordre a été suivi avec docilité. L’absence totale des grosses voi tures qui sillonnent d’ordinaire les rues, avait donné à celles-ci un aspect étrange et qui prêtait à de nombreuses plaisante ries. Il est probable toutefois qu’on ne rira pas longtemps de la suspension d’un ser vice si indispensable dans une grande ville. Il faut espérer que le gouvernement se préoccupe sérieusement de mettre fin à une situation qui ne saurait se prolon ger longtemps sans entraîner les plus graves inconvénients. Nous n’avons pas à rechercher de quels côtés sont Ici les torts et nous serions disposés à croire qu’il en existe des deux côtés, mais nous sommes convaincus qu’une intervention à la fois prudente et ferme peut amener la fin du conflit. C’est l’affaire des pou voirs publics. Nous verrons s’ils sauront remplir leur devoir....