Extrait du journal

Toujours le mot de la fable — et c’est aussi le mot de l’histoire, de celle d’iner et de celle d aujourd’hui. Chaque jour, les incidents diplomatiques qui ont surgi à propos du conflit oriental l’ont prouvé. L’Autriche a mis la main sur la Bosnie et l’Herzégovine et en même temps elle a décrété la mobilisation de ses troupes, qui sont considérables. La Serbie, ayart craint pour elle même, a mobilisé également une partie de ses troupes, qui sont très faibles. Aussitôt l’Autriche a crié : « Vous nous menacez ; vous menacez la paix ; vous provoquez la guerre 1 » Chaque jour, depuis lors, l'Autriche a prononcé des paroles menaçantes contre la Serbie. Elle y a mis une sourdine aussi longtemps qu’elle n'a pas pu signer un accord avec la Turquie ; aussitôt cet accord signé, les récriminations ont redoublé, les colères vraies ou feintes ont éclaté. « Tu la troubles, te dis-je !... » La Serbie a retiré ses rêves d’auto nomie bosniaque, en vain. La Serbie a renoncé à ses rêves d’agrandissement territorial, en vain. Rien n’a pu fié-hir l’arrogance autrichienne. La Serbie se faisait petite, conciliante, douce, ami cale, en vain. « Tu la troubles, te dis-je 1... » La dernière note serbe, qui est pu bliée aujourd’hui, semblait devoir cal mer l’Autriche et voilà cjue l’Autriche s’exaspère. Le coup est bien préparé et bien joué. Il réussira peut-être, si l'Eu rope demeure inerte et stupide. Aujourd'hui, une menace de guerre générale pourra seule empêcher l’Au triche de déchaîner le guerre. C’est à l'Europe de dire à l’Autriche : « Tu la troubles !... »....