Extrait du journal
confirmées et complétées par les lumières surnaturel les de la doctrine révélée. » Ainsi, les idées de Dieu constituent l’essence des choses créées. Le Verbe de Dieu, sa parole éternelle , qui est « le caractère de sa substance, et la lumière de » sa gloire, » comme dit saint Paul ; qui, selon saint Jean, « illumine tout homme venant en ce monde, » est l'objet de notre intelligence. Car nous sommes nés pour connaître Dieu, pour l’aimer et le servir ; c’est par le Verbe que nous connaissons Dieu, dans la me sure de notre nature finie ; et, pour suppléer à notre imperfection, nous avons la révélation que le Verbe nous a faite de lui-même en venant « habiter parmi nous. » Voilà bien toute la doctrine chrétienne expo sée au début du livre. Suivons maintenant les développemeus que l’auteur donne à cette pensée fondamentale de son ouvrage : « Je dois vous expliquer préablement ce que c’est qu’une idée, et ici nous rencontrons ce qu’il y a de plus subtil, de plus élevé dans la doctrine platonicienne, et j’oserai dire aussi dans la doctrine chrétienne. Ici nous interrogerons concurremment deux grands philoso phes, à mon avis les deux philosophes par excellence, Platon et Saint-Augustin, qui ont tant de points de contact, et que pour mou propre compte je suis heu reux de trouver souvent d’accord. » Qu’est-ce donc que l’idée dans le sens platonicien et dans le sens augustinien ? » Partout l’idée est ce qui détermine l’œuvre, ce qui règle la pratique. Elle est le plan exqui-- du dessin. En toute œuvre, œuvre de science, œuvre d’art, œuvre naturelle, œuvre divine, il y a la part de l’intelligen ce qui conçoit, pense, détermine, et la part de la vo lonté qui exécute et réalise. Ainsi dans cette grande œuvre qu’on appelle l’univers, et qui proclame si haut un créateur, un divin architecte, il y a une idée, il y a des idées. Tout ce qui subsiste et reluit dans les créa tures avec tant de magnificence, préexistait en idée dans l’entendement divin ; car Dieu avait conçu le mon de avant de l’effectuer par la création. Or, l’entende ment divin est universel, infaillible, éternel, nécessai re ; les idées divines doivent donc être empreintes des mêmes caractères ; elles sont éternelles, universelles, nécessaires, infaillibles. Dieu, quand il u créé, n’a fait que réaliser ses idées, en leur donnant une substantialité particulière. Elles ont été ainsi comme implan tées dans les existences, imprimées au fond des créa tures, de telle sorte que dans tout être il y a deux choses : l’idée divine, et la réalité contingente, l’idéal, beau, parfait, infini, et la substance finie qui exprime et reproduit cet idéal, mais qui lui est toujours infé rieure, parce que les choses du temps ne sauraient éga ler les choses éternelles. • 11 y a donc pour chaque être un idéal auquel il tend, vers lequel il s’avance, qu’il aspire à reproduire, à réaliser peu à peu dans sou développement succes sif, à exposer dans sa plénitude. Cet idéal est la me sure la plus haute, le point culminant de perfection que la créature puisse atteindre : elle se perfectionne d’autant plus quelle s’en rapproche davantage, et sa perfection ne peut être entière, complète, définitive, que si elle en est tellement pénétrée, qu’elle l’exprime par tout ce qu’elle est. Ne trouvez-vous pas ici, dans cette évolution des êtres au sein de leurs idées, le type primitif du travail de l'artiste ? Car je n’appelle pas artiste le copiste de la réalité, quelque gracieux et fi dèle qu'il puisse être (2). » L'artiste véritable-, celui qui aspire à la perfection de son art, doit toujours tendre à l’idéal, le poursui vre à travers la réalité, sans se laisser enchaîner pir elle ; il faut qu’il fasse sortir de la nature ce quelque chose qui l’anime, la domine et la transfigure; il faut, en un mot, qu’il aille jusqu’à l’idée divine, qu’il se l’approprie, qu’il la sente vivre, et pour ainsi dire pal piter dans son esprit. Le dégagement de l’idéal est la première, l’essentielle condition de l’art, et celui-là n’est pas artiste qui ne conçoit point dans son euten(2) Geci, pour le dire eu passant, explique pourquoi les écoles dites réalistes ne parviendront jamais à se faire a 1mettre dans la sphère de l’art....
À propos
La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.
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