Extrait du journal

Mgr Touchet, évêque d’Orléans, écrit à l’oc casion de la fête de Jeanne d’Arc : Par une coïncidence digne d’être re marquée, la fête religieuse dont nous parlons tombera cette année le 8 mai, anniversaire de la délivrance d’Orléans : comme si, au jour où la France entière chantera la première messe propre de Jeanne, Dieu avait voulu que le souve nir « de son signe », la délivrance de notre cité, planât sur le pays ; comme s’il avait entendu qu’une fois de plus, fût ratifiée la naturalisation faite par la voix populaire, qui de génération en gé nération a appelé Jeanne « la Pucelle d’Orléans ». Il faut que partout chez nous, de la cathédrale à la plus petite des églises, cette solennité soit entourée du plus vif, mais aussi du plus pieux éclat. La Bienheureuse est à la France, à l’univers catholique : c’est entendu. Elle est ce pendant plus à nous qu’à n’importe qui. Par nous, elle a été soulevée au-des sus de cet incompréhensible océan d’ou bli où la laissaient tomber les historiens dès cinquante ou soixante ans après elle ; et de ce plus incompréhensible océan de défigurations où la plongeaient des poètes, des dramaturges, des roman ciers, mal — quand ce ne fut pas odieu sement — inspirés. Ce sont nos orateurs du 8 mai, nos annalistes locaux, et par dessus tout, cette mémoire vivante et indestructible, — nos traditions — qui ont gardé sur un piédestal d’ivoire, dans un nimbe d’or et d’azur, la vierge très chaste et très austère, la guerrière très intrépide et très tendre, la martyre très simple et très tragique, la sainte enfin très croyante, très espérante, très aima ble, très forte, très juste, très modeste, très prudente, très humble. Puisqu’elle est nôtre spécialement ; puisque nous l’avons assise à notre foyer comme à celui de sa famille ; puisque notre attachement pour elle s’est étendu jusqu’à nous lier aux siens, sa mère, son frère, ses nièces ; il est naturel que nous nous réjouissions en elle et à cause d’elle plus que qui que ce soit. Sa fête est notre fête. Il est naturel principale ment que nous la priions ici plus qu’en n’importe quel lieu....