Extrait du journal

Autocrate et Démocrate Il va quelques jours nous mention nions une correspondance de Pélersbourg au Temps racontant avec un amusant étonnement la simplicité dont la Tsar avait fait preuve en recevant le Président taure. Peu ou pas d’escorte, guère plus de police, des voitures « comme celles de tout le monde... ». Nos bons républicains en sont abasour dis. Ils s imaginent probablement qu’un Roi doit être habillé de drap d’or comme il y a cinq cents ans — et se montrer à ses sujets dans une gloire ainsi qu’un schah de Perse ou un Fils du ciel. Le correspondant du Temps n’était d'ailleurs pas convaincu. Il avait de la méfiance. Peut être était-ce de la part du Tsar une « pose » à l’intention de M. Faure et des Français venus en Rus sie. Un moyen s’offrait de contrvier cette « attitude ». Puisque l’Empereur et l’Impératrice allaient à Varsovie, rien n’empêchait de les suivre. Et là enverrait bien. «L’épreuve a pleinement réussi »,avoue le rédacteur du Temps. « Nicolas II est bien tel que nous l’avions vu à Peterhof ou à Saint-Pétersbourg. Sa simplicité n’était pas là de circonstance. Si elle avait eu l’avantage de mettre à l’aise son hôte, elle n’était nullement le résultat d’un effort, d’une contrainte. » Et notre républicain confrère est con traint de rendre hommage à la vérité par cette description : « C’était la même Victoria,tant remarquée déjà à °dterhof et à Krasnoïé-Sélo, qui a conduit tout à l'heure l’Empereur et l’impéra’rice de la gare de Varsovie au château Lazienki — une Victoria que rien ne signa lait si ce n’est une imperceptible et toute mignonne couronne impériale surmontant les deux lanternes, conduite par un cocher sans cocarde, vêtu de la vaste robe rem bourrée de coussins que portent les plus humbles izvochlchik ; le seul signe vrai ment distinctif était la presenoa sur le siège d’un des fidèles cosaques de la suite, à la somptueuse tunique bleue, au bonnet d’astrakan, au sabre richement ciselé. L’Emporeur était en petite tenue de colonel du régiment en garnison à Varsovie, avec, en écharpe, le grand cordon de Saint-André. L’Impératrice, non moins simple avait une modeste, mais suprêmement élégante, toilette vert tendre et blanc avec une pe tite capote de même couleur. » Pas d’esoorte, pas lo plus petit peloton devant ou derrière la voiture impériale qui, au trot allongé de ses deux chevaux noirs, a franchi les six kilomètres qui séparent la gare du palais, entre deux haies compactes do curieux. Et, sur cet immense trajet, non seulement les troupes n’avaient pas été mo bilisées pour rendre les honneurs, mais c’est à peine si de vingt à vingt mètres on apercevait l’aigrette d’un gendarme. Nicolas II l’a voulu ainsi : aucun obstacle n’est élevé entre son peuple et lui. » Pourtant, on conçoit que, si un service d’ordre n’était pas organisé, la foule aurait vite faite de se rapprocher du cortège au point d’en rendre la circulation singulière ment difficile. Un service d’ordre existe en effet. Mais — combinaison aussi heureuse qu’imprévue — oe n’est ni l’armée, ni, os tensiblement, la police, qui en est chargée : oe sont les habitants de la ville où le Tsar se rend officiellement, ce sont les citoyens eux-mêmes. Voici, par exemple, comment les choses se sont passées à Varsovie : » U a comité s’est constitué qui ç. invité...