Extrait du journal
Les débats de l’affaire de Bédarrieux ont inspiré des réflexions sérieuses et justes à plusieurs publi cistes. En voyant sur le banc des criminels tant d’ouvriers d’abord honnêtes, et qu’un égarement d un jour a rendus si coupables, on s’est demandé quelle cause avait pu pervertir à ce point ces hom mes que la nature n’avait pas prédestinés au crime et qui, venus à une autre époque, placés dans d’autres circonstances, auraient été de bons pères de famille, des citoyens utiles à l’Etat et de fidèles chrétiens. On a attribué ces funestes résultats aux utopies fallacieuses créées et propagées par l’ambition, et qui ont fasciné ces intelligences trop naïves ; aux sociétés secrètes, qui se sont emparées de ces âmes sans énergie et les ont en quelque sorte privées de leur libre arbitre ; à une fausse éducation qui a laissé dans leurs cœurs un libre accès à tous les préjugés et à toutes les convoitises. On a raison, sans contredit ; mais cette fausse éducation, ces sociétés secrètes, ces systèmes ab surdes ont aussi une cause que nous tenons à si gnaler. Cette cause, c’est la confusion mise dans les esprits sur la question du droit. Quand le droit était bien défini, quand la loi nationale qui en était le print ipe était mise hors de tout débat, le devoir de chacun était nettement tracé, et les consciences, soutenues par cette con naissance du devoir, étaient fortes contre les ins pirations des passions mau vaises ; mais quand la loi nationale a été foulée aux pieds, l’idée du droit a été confondue, troublée, renversée, et personne n’a plus su où était le devoir. Quelle vertu pouvait résister dans un tel délaissement? Cependant, nous dira-t-on, les hommes comme ceux qui ont assas-iné les gendarmes de Bédarieux sont en très grande minorité, et ils devraient former la majorité si la cause de dépravation était générale, comme vous le prétendez. Oui, nous le croyons pour l’honneur du pays les socialistes, et surlout les socialistes de cette espèce, sont en minorité; mais savez-vous à qui vous le de vez? A ceux qui ont conservé intacte l’idée du droit, à ceux qui bravent les sarcasmes elles injures pour rester fidèles à la loi nationale. On ne comprend pas assez toute la force que nous avons donnée à la société en résistant à l’en traînement des idées révolutionnaires. Nous som mes convaincus pourtant que si les socialistes n’a vaient trouvé pour leur résister que des sceptiques politiques, des conservateurs sans principes, des hommes du fait accompli, ils auraient fait de tels progrès, qu’un système quelconque de juste-milieu n'aurait plus été possible et qu’à l’heure présente nous voguerions à pleines voiles dans les mers
À propos
La Gazette du Languedoc fut une feuille monarchiste légitimiste publiée à Toulouse et distribuée dans ses environs entre 1831 et 1857. Plusieurs fois poursuivie par la Monarchie de Juillet et par le Second Empire, La Gazette du Languedoc servait de plateforme pour l’opinion légitimiste dans la région. Ses bureaux faisaient office de véritable siège pour les partis politiques issus du mouvement, inquiétés par les soutiens de la duchesse de Berry, notamment après son expédition manquée de 1832 et sa tentative de se déclarer régente au nom de son fils "Henri V".
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