Extrait du journal
LETTRE DE PARIS. Paris, 20 novembre. Depuis quelques jours la capitale semble sortir de son calme habituel. Ce n’est pas qu’il y ait du trouble ni même de l’agitation, mais l’étal des esprits présente un mouvement inaccoutumé. Les publications contenues dans le Moniteur avaient déjà éveillé l’attention, lorsque des bruits de diverses natures sont venus répandre l'inquiétude à la Bourse cl ailleurs. On parlait d’un ac< ident de chasse survenu au Prince-Président, de quelques troubles dans un des départements du centre, etc. Ces bruits oui été démen tis, mais le cours des effets publics en a été affecté ; il y a eu jeudi une assez forte baisse sur toutes les va leurs. Hier le préfet de police a fait aflichcr un avis qui rappelle les lois existantes contre ceux qui répan dent de faux bruits et des nouvelles de nature à alar mer. En même temps le Moniteur annonçait une ré duction de 50,000 hommes sur l’effectif de l’armée. Ces deux faits ont concouru à rassurer les esprits, et les cours se sont relevés à laJÇourse de vendredi. Il faut s’attendre au surplus à d’assez fortes oscil lations, si ce n’est sous l’influence de la politique , du moins sous celle qui porte les spéculateurs à réaliser leurs bénéfices quand les valeurs qu’ils ont dans les mains ont atteint un certain taux. Il se forme alors un encombrement dont la conséquence naturelle est une baisse, ce qui arrive pour tout ce qui est à vendre quand la marchandise est plus offerte que demandée. Le pouvoir devrait s’étudier à diminuer l'ardeur de la spéculation et à arrêter le fléau de l’agiotage. Si des gens répandent des nouvelles fausses et alarmantes pour produire la baisse, il en est qui apportent des nouvelles également fausses cl exagérées dans un autre sens pour pousser à la hausse. Il y a là aussi un incon vénient, car ceux-ci font naître un faux crédit et des espérances imaginaires. Le gouvernement ayant l’intention d’organiser des lignes de paquebots de Bordeaux et du Havre sur plu sieurs points au-delà des mers, il se forme en ce mo ment trois compagnies distinctes pour soumissionner ce service. Il s’agit là de plusieurs millions. Chaque compagnie a scs fonds prêts ; mais comme on n’a pas trois ou quatre millions dans son secrétaire comme l’argent de son ménage, il faut bien que ces capitaux sortent de quelque opération, comme une rente cl un revirement de valeurs. On sort de la rente ou des che mins de fer pour entrer dans l’affaire des paquebots ; cela seul suffit pour produire un grand mouvement à la bourse. Le monde spéculateur s’occupe beaucoup des tran sactions qui auraient eu lieu pour le Constitutionnel entre M. Mirés du Pays et MM. de Morny et Véron, cessionnaires du vieux et célébré journal. On annonce des sommes fabuleuses. L'Indépendance belge parle de 500,000 fr. pour l’un et 000,000 fr. pour M. Véron, indépendamment de 80,000 fr. remboursés a M. Thiers. On pourrait parier qu'il y a dans cet énoncé quelque exagération. On dit que M. Véron, comme Achille, se retire sous sa tente. Nous avons un nouveau manifeste démoeralico-républicain, c’est celui de M. Félix Pyat, qui a craint d’être oublié apparemment. M. Pyat veut qu’on s’in surge ; il dit que l’insurrection est un droit et un de voir et que les cartes d’électeurs et les bulletins doi vent servir à bourrer les fusils. I^i belle politique! cl qu’il serait bien temps que ces citoyens nous en fissent une autre. L’insurrection et ses fusils, en supposant la réussite, n’ont jamais prouvé qu’une chose, c’est que : La raison du plus fort est toujours la plus forte, comme disait un petit garçon qui n’était pas hèle. Ix>, projet de loi présenté au parlement belge pour la répression Jcs écrits et discours dirigés contre les chefs ou souverains des gouvernements étrangers, pa rait devoir subir d’importantes modifications, si l’on s’eu rapporte aux discussions partielles qui ont eu lieu dans les bureaux. Tout le bruit qui a éclaté dès l’a bord s’est appaisé ainsi que je l’avais prévu. Le prin...
À propos
La Gazette du Languedoc fut une feuille monarchiste légitimiste publiée à Toulouse et distribuée dans ses environs entre 1831 et 1857. Plusieurs fois poursuivie par la Monarchie de Juillet et par le Second Empire, La Gazette du Languedoc servait de plateforme pour l’opinion légitimiste dans la région. Ses bureaux faisaient office de véritable siège pour les partis politiques issus du mouvement, inquiétés par les soutiens de la duchesse de Berry, notamment après son expédition manquée de 1832 et sa tentative de se déclarer régente au nom de son fils "Henri V".
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