Extrait du journal

Sitôt qu’il s’agissait de prendre une résolution fer file, énergique, les autres Etats de l’Allemagne ne donnaient plus signe de vie, et ce n’est que lorsque la paix a été enfin sur le point d’être conclue qu’on s’est targué de l’amitié de la Russie pour prouver par là qu’on était indispensable pour la signature de la paix ! Maintenant que l’Autriche, pour éviter le retour d’un malheur semblable et consolider définitive ment la conquête de la paix, poursuit avec résolu tion la direction qu’elle a prise pendant la guerre et conclut le traité du 15 avril avec la France et l’Angleterre, les nationaux, les représentai de la petite Allemagne lèvent la tête et déclarent hérésie politique les tendances de la seule grande puissance allemande qui, aux jours du duuger, a fait son de voir, en son nom comme eu celui de l’Allemagne entière. Après ces funestes expériences, il eût été peu prudent de s’exposer au danger d’essuyer un nou veau refus à Berlin, et l’Autriche a dû naturelle ment négliger de chercher un allié là où elle a pu supposer que l’on méconnaîtrait ses intentions. Ainsi tout ce qu’on lit depuis quelques jours dans les feuilles du nord de l’Allemagne, sur le traité d’avril et l’alliance franco-autrichienne, était fon dé. Ce ne serait pas l’Autriche, c’est l’Allemagne qui eu serait cause. Mais le danger n'est pas si grand , ni pour l’Au triche ni pour l’Allemagne ; et si le traité d’avril et le rapprochement entre l'Autriche tt la France avaient un autre but que les affaires orientales, il s’agirait alors de savoir s’il ne faudrait pas en féli citer l’Allemagne. A peine la paix du 3<> mars étaitelle signée que tous les journaux européens ont fait surgir l’effroyable spectre (le l’alliance russe-fran çaise. Ce cas était loin d’être impossible ; il y a as sez de points de rapprochement entre ia France et la Russie pour justifier cette idée. Ce sont deux puis sances centrales militaires du premier rang ; elles visent nécessairement à une influence universelle et forment les frontières orientales et occidentales de l’Allemagne, qui est si peu solide à l’iutériei.r. Elles n'ont qu’à se mettre d’accord pour livrer à une éternelle désunion et impuissance cette confédéré tion d’Etats situ s au centre de l’Europe. Nous ne saurions dire si c’est cette considération qui a dé terminé l i conclusion de l'alliance du 15 avril et le rapprochement entre l’Autriche et la France qui s’eu est suivi. Quoi qu’il en soit, le résultat reste le même : L'al liance dus empereurs de l’Ouest et de l’Est, dont il ne manquait pas d’indices et dont l’Europe centrale aurait été la première victime, a été provisoirement déjouée par le traité du 15 avril, et lu guerre d’Orient n’a pas dépas.- é le b it pour lequel elle a été commencée , et l’état généra! de l’Europe n’a subi aucune modification violente. Cette considération seule suffit pour défendre le traité du 15 avril con tre toutes les attaques. Si cette transformation des choses peut exercer eu outre une pression salutaire sur la situation générale des affaires de l’Allema gne et amener sans dessein prémédité la réforme fédérale, dont la nécessité est au fond avouée par l’Allemagne même , nous ne voyons pas le but des attaques absurdes contre l’Autriche qui s’élèvent en Allemagne, précisément de la part de ceux dont ou serait en droit d’attendre une conduite plus sage. »...