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La Gazette, 5 septembre 1905

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La Gazette
5 septembre 1905


Extrait du journal

La série des bombes va-t-elle recom mencer en Espagne ? On peut se poser la question d’après les informations qui viennent de ce pays. Barcelone tient toujours le premier rang parmi les villes espagnoles où sé vit la dynamite; elle ne veut pas le perdre. Voici les dépêches qui mentionnent le nouvel attentat : Barcelone, 3 septembre. — Une bombe a éclaté aujourd’hui à une heure et demie de l’après-midi, sur la promenade des Fleurs, si tuée au bord de la mor. L’explosion fut formidable et provoqua parmi la foole nombreuse à cette heure et en cet endroit une panique indescriptible. Aussitôt la première émotion un peu calmée, on se précipita au secours des victimes. Vingt personnes, selon les renseignements officiels, ont été atteintes. Les secours furent rapidement organisés et on transporta les blessés à l’hôpital.Une jeune tille atteinte par l’explosion est morte en arrivant. Sa sœur, atteinte également,est dans un état désespéré. Dix personnes sont griève ment blessées et leur état inspire des inquié tudes . Les autres victimes ont des blessures sérieuses. L’explosion a été d’une violence inouïe. Dans un rayon de cent mètres toutes les vitres des maisons des alentours jusqu’à la hauteur du second étage sont brisées. Les murs en beaucoup d’endroits portent des traces du choc des débris de la bombe. Des premières constatations, il résulte que la bombe a été déposée au pied d’un arbre. Elle a bientôt éclaté, blessant celui qui l’avait déposée, mais assez légèrement pour lui per mettre de proliter de la panique et de s’enfuir. D’après une autre version de l’enquête, l’engin aurait été placé le matin à sept heures à l’endroit où l’explosion s’est produite. Cette deuxième version provient de renseignements particuliers disant qu’à sept heures du matin, un gamin a placé sur une grille d’arrosage entourant le pied d’un arbre un objet de forme irrégulière recouvert de plâtre ayant l'appa rence d’un débris de mur. Jusqu’à présent, les autorités montrent du désappointement à cause de la difficulté de trouver une bonne piste. Un ouvrier qui avait été vu à proximité du lieu de l’explosion, fut sur le point d’être lynché par la foule affolée. Il put, heureuse ment, établir son innocence. Ce soir la tranquillité est rétrblie. Barcelone, 3 septembre. — L’aspect de l’en droit où s’est produite l’explosion est lugubre ment pittorescue : chapeaux,cannes, ombrelles, vêtements, objets hétéroclites gisent pêle-mêle parmi de larges flaques de sang. La détonation fut si foi .o qu’elle retentit jusqu’aux extrémités les plus éloignées de la ville. L’atmosphère, saturée do gaz délétère s, ren dait la respiration difficile. La bombe était chargée de clous et de fer raille ; elle a ouvert un énorme trou béant. Quelques projectiles se sont inc astés dans les murs du quatrième étage des maisons voi sines ; le déplacement de l air fut d’une telle violence qu’un cocher fut projeté do son siège. Un ouvler, le visage en sang, qui traversa la Itambla peu après l'explosion, fut pris pour l’auteur de l’attentat ; les cris : « Lynchonsle ! » retentirent, et la foule, furieuse, so rua sur lui et le frappa à coups de canne et de couteau ; la police, un moment impuissante à contenir la colère populaire, réussit enfin à saisir l’ouvrier, ou’elle conduisit dans un état lamentable, à l’hôpital. Cet ouvrier nie énergi quement être l’auteur de l’attentat. Le nombre des blessés se monterait, dit-on, à trente cinq personnes, et suivant quelques journaux, à soixante. [Havas). Contre qui cet acte criminel pouvaitil être dirigé ? La bombe était déposée au pied d’an arbre. Elle ne visait donc personne par ticulièrement. Elle avait pour but de tuer, de tuer au hasard, nimporte qui, dans la foule. L’assassin peut se féliciter. Une jeune fille set morte, une autre •st mourante et vingt,trente ou soixante...

À propos

La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.

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