Extrait du journal

petite table ; à la tête de la couche était un crucifix. Une porte solidement verrouillée et percée d’un gui ch et ouvrait sur le corridor commun. C’était un séjour triste et désolé, mais qui, du moins, ne se ressentait pas autrement de son caractère de prison ;^sa solitude et son silence même, étaient un bienfait pour les âmes souffrantes, dont le contact des autres reclus dans une même salle, comme eu renfer mait aussi ce redoutable édifice, ne pouvait qu’enve nimer et accroitre les peines. Pendant le jour, quelques rayons de soleil y péné traient à travers l’étroite fenêtre taillée en forme de meurtrière dans la muraille épaisse et garnie à ses deux extrémités de solides barreaux. C’était un bien rare et précieux que de jouir ainsi de lu lumière dans une prison, et de pouvoir y contempler l’image du Ré dempteur , symbole de la consolation et de l’espé rance. Mais h l’heure où nous allons nous y transporter, le crépuscule même avait cessé au dehors, et ce réduit était plongé dans l’obscurité la plus complète. C’était la nuit avec son manteau sinistre comme un suaire, avec son calme funèbre, interrompu seulement à des intervalles égaux, comme la goutte d’eau qui tombe glacée sur le front du condamné, et par le cri de veille des sentinelles, dont le pas monotone battait l’enceinte extérieure du palais. Zohra demeurait assise au pied de son grabat, dans une attitude recueillie et calme, qui témoignait de sa résignation, en cet instant rapide, où elle appartenait moins à la terre qu’au ciel. Sa respiration ne trahis sait aucune lutte morale, il n’y avait pas de larmes dans ses yeux, son front était placide et pur, sans une ride, sans un signe de colère ni d’amertume. Si le sommeil ne fermait pas encore ses paupières, c’est qu’après avoir élevé son âme vers ce Dieu que don Lopez lui-avait appris à aimer, elle faisait, un retour in volontaire sur ses années, bien peu nombreuses, et ce...