Extrait du journal

La Catastrophe DU “ VENDÉMIAIRE * Unt lettre de l’amiral Blanaimf Nous recevons la lettre suivante : 1" juillet 1912. Mon cher Directeur, La Libre Parole d'aujourd’hui publie une lettre adressée à notre ami M. Gaudin de V il la me par un officier de marine qu’il a raison de qualifier des plus distingués : il suffit de la lire pour s’en convaincre. Elle m a paru d’autant plus intéressante qu elle est, sinon la réponse, du moins la contre-partie de l’article qui a été publié ici lundi dernier, sous ma signature dans le quel je m'élevais contre certaines exagéra tions de nature à compromettre, selon moi, 1 avenir de la navigation sous-marine. Eh ! bien, après comme avant les observations que je viens de lire, ma conviction reste entière, plus entière même, mais surtout plus facile à appuyer, car voici, désormais, le public au courant des manœuvres que je r avais pas osé décrire de peur d’être ac cusé d’indiscrétion et qu’il m’est plus facile de discuter. Il ressort des explications données par 1 auteur de la lettre en question que, pour que sa présence ne soit pas révélée par le sillage du périscope, le sous-marin ne peut s approcher du but qu’en plongée profonde. " Quand il estime qu’il est à bonne portée, « il remonte pour donner un coup de péris« cope rapide, rectifie sa route, replonge et <• lance sa torpille au bon moment ». Tout cela est déjà bien délicat : il y a la double estime du point de départ, toujours un peu vague, et celle, plus vague encore, du point d’arrivée, mais, du moins, à la guerre, les risques s'arrêtent là ; sa torpille lancée, le sous-marin peut continuer sa route sous l’eau aussi longtemps qu’il le juge convenable. En exercice, la manœuvre se complique' d’une opération qui constitue un risque de plus : pour montrer qu’il a réussi, « pour marquer son attaque, le sous-marin émerge pour dire : je suis là »....