Extrait du journal
La voiture du Président de la Républi que venait de quitter le rond-point de Longchamp et allait s’engager sur le champ de courses pour assister à la re vue dont nous donnons plus haut le compte rendu, lorsque deux coups de re volver se tirent entendre. Il était exactement trois heures. Voici, d’après une personne digne de foi, qui se trouvait dans la foule à cet en droit, comment les faits se sont passés. « Le président et son escorte se trou vaient sur la route à l’entrée du champ de courses, lorsque j’entendis deux coups légers de pistolet. Je crus que Ton faisait partir des pé tards et d’autres personnes avaient eu la même pensée, car Tune d’entre elles s’é cria : — « Vraiment, ce n’est pas le mo ment de faire partir des pétards. » L’escorte était suivie d’une voiture dans laquelle se trouvaient deux person nes qui devaient appartenir à la police, car la voiture s’arrêta et j’aperçus aussi tôt un individu se débattant au milieu de nombreux agents. Cet homme, de taille moyenne, aux fortes épaules, la figure pleine, le teint jaunâtre, avec toute sa barbe très noire, avait la joue gauche ensanglantée ainsi que l’œil. La foule, très excitée, voulait lyncher le misérable, et les agents avaient bien du mal à le protéger contre la fureur des assistants. Un agent reçut même sur la tête un violent coup de canne qui ne lui était pas destiné. L’homme fut lestement enlevé et con duit au poste de police provisoire installé près du chalet de la Cascade, toujours poursuivi par la foule qui criait : « A mort î » Enfermé dans le panier à salade qui se trouvait à cet endroit, il fut interrogé quelques instants après par le chef de la sûreté et ensuite par M. Lépine, puis transporté au Dépôt. Cet homme, ajouta notre bienveillant correspondant, paraît avoir trente-cinq ou trente-huit ans. Je ne crois pas qu’il ait tiré dans la di rection du président et dans tous les cas il a du tirer en l’air.» Nous avions enregistré cette intéres sante déclaration, lorsque un de nos ré dacteurs nous apporta le nom de l’indi vidu. L’auteur de l’attentat est le nommé François, habitant hôtel du Loiret, n° 6, rue de Cléry, qui, le 29 juin dernier, jeta, du haut de la tribune publique de la Chambre, dans l’hémicycle, des prospec tus portant ces mots : « Vive la liberté d’écrire sous Félix 1er. » Conduit à la questure, il fut interné pendant quelques jours, puis relâché par le parquet, après un court séjour dans Line maison de santé. Hier soir, contrairement à son liabiJtude, François quitta son hôtel de huit...
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
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