Extrait du journal

Ces jours derniers, des bruits fâcheux se répandaient sur la santé de M. le comte de Mun, député du Finistère. Ou allait même jusqu’à dire que l’éloquent ora teur, conscient de l’iuutilité de son rôle actuel à la Chambre, avait pris la réso lution de ne se point représenter aux élections prochaines. Nous sommes heureux d’apprendre que ces nouvelles alarmistes ne reposaient sur rien et que la santé de M. de Mun est, au contraire, aussi satisfaisante que possible. C’est lui-même qui l’a déclaré à un rédacteur du Gaulois en des termes qui vont remplir de joie ses nombreux amis. — Je suis heureux de l’occasion que vous m’offrez de démentir cette nouvelle, a dit l’honorable député. Votre confrère indique comme raison de ma prétendue retraite l’impossibilité où m’avait mis mon état de santé d’aborder la tribune. Or, je pars à l’instant pour Reims, où je dois prononcer, demain soir jeudi, un grand discours au banquet de la Jeunesse catholique. Concluez. La conclusion est facile à tirer. Bien loin de songer à prendre une re traite prématurée à tous égards, M. de Mun, bien portant, semble se disposer à rentrer avec une ardeur nouvelle dans la mêlée politique. Les catholiques de France en éprouve ront une joie d’autant plus vive qu’ils avaient presque fini par ne plus compter sur le grand orateur dont la voix est depuis si longtemps restée muette. Motif de santé ou autre, il faut avouer en effet qu’en ces dernières années, M. de Mun est loin d’avoir déployé toute l’activité qu’on pouvait attendre d’un homme tel que lui. Je ne crois pas que depuis sa réélection dans le Finistère, il ait une seule fois abordé la tribune. Non, pas une seule fois, pas plus lors de la discussion de la loi scélérate contre la presse, qu’il a d’ailleurs votée, que lorsque le sinistre Ribot, valet de la Franc-Maçonnerie, prouva sa haine de l’Eglise de France en proposant l’infâme taxe d’abonnement. Ce que nous pensons de l’attitude de M. de Mun en ces deux circonstances et en d’autres semblables, il est inutile de le redire ici. Quelques-uns de nos lecteurs ont parfois trouvé que nous nous mon trions bien sévères pour le grand orateur catholique. Ils n’ont cependant pas com pris plus que nous qu’un homme comme M. de Mun ait poussé l’inconscience jusqu’à voter une loi en vertu de laquelle ses meilleurs amis politiques, les députés de la droite, les journalistes catholiques ou conservateurs pouvaient être déportés en masse au Gabon ou ailleurs pour peu qu’il prît fantaisie à un coquin comme Dupuy d’inscrire leurs noms sur une liste de proscription. Ils n’ont pu nous expliquer davantage comment il a pu se faire que la voix du « chevalier du Christ » soit restée muette, lorsqu’il s’a gissait de défendre le bien des pauvres contre la haine rapace des Francs-Ma çons. — Oui, c’est bien fâcheux, nous di saient-ils tristement, et il est certain que vous n’avez pas tout à fait tort. Mais vous savez que ce pauvre de Mun est très mal portant. Il est atteint d’une paralysie des muscles de la face qui le fait souffrir horriblement... A quoi nous répondions : — Ce n’est toujours pas cette maladie qui Va forcé à voter la loi scélérate, en compagnie de tous les chéquards de la Chambre... N’insistons pas, et réjouissons-nous de voir enfin M. de Mun rentrer dans la vie active. Nous ne tarderons pas sans doute à l’applaudir à la Chambre, car il n’y a aucune raison — puisque l’usage de la parole lui est rendu pour conférencier à Reims — pour qu’il ne parle pas égale ment à la tribune parlementaire. Faire des conférences à la Jeunesse ca tholique, c’est assurément très louable. 11 nous semble cependant que si M. de...