Extrait du journal

seule différence de votre « histoire » avec mon infortune. Ce qui attirait mes chères enfants, c’é taient les fleurs, mais surtout ces fleurs im maculées mises à profusion sur les cercueils et les tombeaux des vierges et des petits enfants. Ce qui les troublait, c’étaient les bières recouvertes du drap blanc et dispa raissant sous les belles couronnes et les gerbes symboliques. Ce qu’elles enviaient, en un mot, c’était se reposer, à leur tour, au milieu des roses et des lilas blancs l Aussi, combien j’eus le cœur serré et quel affreux pressentiment m’envahit quand, un jour d’octobre 139A, j’entendis Marcelle par ler avec enthousiasme d’un convoi de jeune fille qu’elle avait, avec sa sœur, rencontré à la sortie du cours. — Ah ! maman, disait-elle comme trans figurée, si tu avais vu le bel enterrement !... Si tu avais vu toutes ces lleurs, toutes ces couronnes !... Que c’était beau, que c’était beau !... Puis, exhalant un soupir et comme per due dans une extase, elle leva vers le ciel ses yeux angéliques. Il me sembla alors qu’elle demandait en une muette prière, pour elle et sa sœur, une fin pareille. Des fleurs, au lieu d’ailes, des monceaux de blanches lleurs, de fleurs au suave par fum, comme seul peut en prétendre l’ange que Dieu rappelle à lui, tel était le rêve de ma chère enfant. Hélas ! un mois après, le regard vers le ciel infini, où son imagination voyait des fleurs incomparables, comme «Germaine », mes pauvres petites filles s’alitèrent ; comme Germaine la fièvre les brûla, ainsi que « deux grains d’encens », et, ainsi quelle encore la méningite emporta Marcelle, après un der nier baiser à sa mère affolée....