Extrait du journal
avis sur tout, excepté sur la question, ouvrière. Dès que j’aborde ce sujet ils se désabonnent bruyamment ; il est vrai que, comme cette bonne Libre Parole qui a dit tant de vérités et dé masqué tant de bandits, manquerait à ces honnêtes gens, ils achètent au nu méro. La lettre que je vous adresse n’est donc inspirée par aucune préoccupa tion personnelle, mais plutôt par le désir de voir un brave homme ne pas abreuver ses derniers jours d’amer tume, eu essayant de remonter un courant contre lequel tout serait im puissant. Je sais bien que vous prétendez dé fendre le droit des patrons contre les prétentions des ouvriers, qui sont excessives à votre avis, mais dans l’es pèce, comme on dit au Palais, c’est vous qui avez incontestablement tous les torts. Les ouvriers ont accepté toutes vos conditions, ils se sont sou mis à toutes vos exigences, ils ont re noncé à l’arbitrage qu’ils avaient ré clamé et dont vous n’avez pas voulu. C’est vous qui, en réalité, avez fait grève, c’est vous qui avez fermé vos ateliers alors que tout semblait pacifié. Auriez-vous raison en fait que vous seriez écrasé par la logique de la si tuation et la force incoercible des choses. La Bourgeoisie s’est servie des prolétaires pour renverser tout ce qui lui faisait obstacle, pour assouvir toutes ses convoitises, satisfaire tous ses appétits de vanité,- de domination et de cupidité. Elle a fait égorger, dans des révolutions et des émeutes, des milliers de plébéiens sans que ja mais le Peuple ait tiré aucun profit des victoires qu’il avait achetées au prix de son sang. Aujourd’hui, les prolétaires réclament leur part. Fran chement, n’ont-ils pas un peu raison? De quel principe un homme comme vous, que VUnivers appelle « un grand bourgeois », peut-il se réclamer, puis que la Bourgeoisie, tant qu’elle y a trouvé avantage, a déclaré que le Peuple était souverain ? Voilà, monsieur, les réflexions que j’ai eu l’idée de vous soumettre. Peutêtre frapperont-elles un homme qui, avant d’être le jouet des agents pro vocateurs et des préparateurs de tue ries, avait, dit-on, du cœur et du bon sens. Jouissez en paix de votre fortune et savourez les jours de répit que la Mort laisse encore à votre robuste vieillesse. Renoncez à un procès qui sera pour Jaurès l’occasion d’un véri table triomphe; fermez momentané ment votre boutique et dites-vous qu’il y a encore de la verrerie pour quelque temps dans les magasins et dans les dépôts. Avec de la bonne humeur tout s’ar range. Si l’on n’a pas de bouteilles on mettra le vin dans ees outres en peau de chèvre où l’on mettait le Falerne que chantait Horace. Si les verres nous manquent on boira dans une écuelle de bois que l’on se passera à la ronde. Cela vaudra mieux que de faire charger des femmes et des en fants par de la cavalerie et que de faire fusiller des Français avec des balles Lebel qui pourraient avoir un meilleur emploi.... EDOUARD DRUMONT...
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
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