Extrait du journal

même il ne faut point chercher le salut social en dehors de la mise en con fiance des éléments populaires. Eli, sans doute, le socialisme dis pose contre nous, dans la lutte qui commence, d'alliés redoutables : la haine et l’envie. Il fait appel aux bas ses passions,aux méprisables instincts. D’accord ! Mais tire-t-il de là sa force principale ? N’esl-clle point, plutôt, dans l'espèce d’idéalisme dont il se parc aux yeux des populations ? Scs doctrines matérialistes, son collectivis me dur risqueraient de lui aliéner les sympathies de la masse ; il les gagne en se.posant en messager de la justice, en défenseur des humbles. Il se pré tend le dépositaire de la grande com passion qu-i, jadis tomba (les lèvres di vines sur la foule misérable, il se dit le seul distributeur de cette rosée. Tant que nous ne lui aurons pas enlevé cette auréole, tant que nous n'aurons pas dégonflé ce mensonge, il se rira des petites barrières qu’on essaiera de lui opposer. Et quelles âmes sont donc plus pré parées que les âmes populaires à re cevoir la vérité ? Où trouverez-vous, encore une fois, plus de spontanéité, plus de droiture, plus d’enthousiasme, plus de générosité dans l’effort ? Le peuple français surtout est un réser voir d’héroïsme. Est-il rien de plus beau que le geste de celle pauvre femme, dont le mari vient d être assassiné à son poste de gardien de sémaphore et qui, laissant le moribond aux soins des voisins,con tinue d’assurer, en pleine nuit, le ser vice d'où dépend la sauvegarde de tant de vies humaines ? C’est le rappel, trait pour trait, d'un autre acte héroïque accompli en 1911 par Mme Matelot, la femme d’un gar dien de phare de BelIe-Islc-en-Mer, qui abandonna le chevet de son mari agonisant pour rallumer la lanterne éteinte et, le mouvement d’horlogerie ayant cessé de fonctionner, montra à ses deux petits enfants comment y sup pléer. Toute la nuit, pendant que la mère veillait le cadavre du père, ces deux petits assurèrent de leurs mains transies la rotation du feu protecteur. Pensez-vous vraiment que dans un pays où les femmes et les enfants sont si simplement héroïques, pensez-vous que tout soit perdu et qu’il faille crier : « Sauve qui peut ! » Non ! 11 dépend de nous que la « crise de confiance » n’ait qu’un temps. El pour rendre la confiance aux autres, la première chose est de la reprendre nous-mêmes. Comme ré crit notre confrère Robert de Jouvenel dans la préface d’un beau livre (1) : « Aux époques heureuses, l'optimisme est un luxe. A la nôtre, c’est un de voir. » HENRI BAZIRE....