Extrait du journal

Notre collaborateur Jean Froissard s’étonnait ce matin d'apprendre gue M. le juge d’instruction Fabre, qui vient de passer quinze grands jours à ne rien faire, éprouvât tout-à-coup le besoin de se reposer. J’avoue que je ne partage pas du tout la stupéfaction de notre ami. Depuis le 12 août, jour fameux où il signa à la volée tant de mandats d’arrêt et de perquisition, M. Fabre, il est vrai, n’a déployé en apparence qu’une activité médiocre, mais vous connaissez le pro verbe qui dit qu’il ne faut pas se fier aux apparences. Ce proverbe s'applique merveilleuse ment au cas de M. Fabre. Ce magistrat qui semble endormi comme une mar motte dans son cabinet où personne, pas même les inculpés, ne pénétré, a travaillé, en réalité, beaucoup plus qu’on ne pense, et je comprends que, lorsqu’il contemple son œuvre, M. Fabre en soit fier et satis fait. Le grrrand complot, il est vrai, reste toujours aussi vague et aussi fumeux que le premier jour, mais il y a des femmes et des enfants qui pleurent et qui souf friraient de la faim, si des amis généreux n'avaient pris soin jusqu’ici de remplacer le père de famille absent et d’apporter le pam quotidien au foyer des travailleurs emprisonnés. Il y a rue de Chabrol des hommes, des enfants de vingt ans, qui agonisent de faim et de soif, qui étouffent dans un air raréfié qu’empoisonnent de méphitiques émanations. Deux ont la fièvre ^ tytvDboïde ; un troisième, atteint d’une...