Extrait du journal

rôle historique et sa primauté intellectuelle, un agent d’apaisement, de médiation, d’organisation des forces hostiles, comment l’Autriche pourrait-elle ne pas se souvenir qu’elle a une mission à remplir en Allemagne, qui est de prendre en main les intérêts des Etats du Sud opprimés par ceux du Nord, les intérêts de sa clientèle catholique persécutée par la clientèle protestante de la Prusse? Elle ne le pourrait sans renier toute son histoire, sans mettre en question sa raison d’être comme nation et comme Etat centralisé. Est-ce que Sadowa est un désastre unique dans l’histoire de l’empire des Hapsbourg? Est-ce qu’après la conquête de la Silésie par le grand Frédéric, Marie-Thérèse, aïeule de François-Joseph, songea pendant un seul instant à abdiquer ses droits et son influence sur l’Allemagne? Non. Marie-Thérèse, comme François-Joseph, se recueillit, renonça à agir pour quelque temps, mais ne cessa point de prétendre. Il en est de même aujourd’hui, et ce qui le prouve, c’est que les cours du sud de l'Allemagne sont, en 1883, plus peuplées de princes autrichiens qu’elles ne l'étaient au commencement de 1860, année de Sadowa; c’est que, grâce à ces alliances de famille, l'influence autrichienne à Munich, à Stuttgard et même à Darmstadt et à Dresde, pour être plus occulte, n’est asserment pas moins active qu’elle ne l’était à la même date....