Extrait du journal
et je souffre moins de me sentir un quin quagénaire inutile... Puisque l’âge ne me permet pipa d’être avec ceux qui se battent, la. place que j’eusse occupée est noblement : tenue par le meilleur de moi-même. J’ai le droit de porter haut la tète et d’être plue, fier encore, désormais, de notre nom. Quant à mon fils, cette belle citation ne l’a point enivré d’orgueil. Il estime qu’il a seulement rempli son devoir, comme tous les autres. Et il trouve cela tout na turel. Il recommencera demain J ' Et c’est justement cet état d’esprit, com mun à tous nos poilus, que je trouve le plus admirable : ils font de l’héroïsme, comme M. Jourdain faisait de la prose, sans le savoir. Quelle race magnifique va sortir de ce cataclysme ! Et que notre France sera grande et belle après cette guerre, si elle sait rester unie, s’organiser et mettre en valeur les forces nouvelles que le danger aura suscitées I .(..Mon pauvre Adrien n’était encore qu’un gamin quand il A rejoint les cama rades. C’est un homme, à présent, et un Français digne de son pays. Il nous a rapporté du front une mine superbe, des épaules carrées, un teint ba sané, une allure martiale et décidée. Il nous a rapporté surtout « l’air de là-bas »..., cette confiance tranquille, cette sérénité que donne ic mépris quotidien de la mort, et aussi cette ironique insoucian ce que j’ai déjà constatée chez d’autres permissionnaires, dont la sagesse semble se résumer dans cette formule triviale mais pleine de bon sens : « Faut pas s’en faire ! » Vous pensez si ma cadette Jacqueline et mon petit René "l’accablent de questions 1 Quand finira la guerre ? Avons-nous assez de canons et assez de munitions ? Est-ce vrai que les obus lacrymogènes font éter nuer? Combien y a-t-il de Russes sur le front ? etc. Mon héros de fils répond tranquillement que la guerre finira quand les alliés im poseront la paix, que les Boches sont plus pressés que nous d’en finir, qu’on les aura.V. quand on aura « ce qu’il faut », et qu’on est de plus eh plus certain de l’a voir —! et de les avoir. — Ceux que je connais le mieux, parceque je vis au milieu'de leurs souffrances, ce sont les grands blessés. Et l’on ne dira jamais assez leur grandeur morale et leur sublime résignation. Il y a des gens qui s’imaginent que l’on prête à nos hommes des mots héroïques..", pour relever le mo ral de l’arrière f Ces gens-là appartiennent à cette espèce de sceptiques qui ne veu lent croire que ce qu’ils ont vu — parce qu’ils n’ont jamais rien vu... J’ai vu, moi, des blessés qui s’irritaient d’être contraints de quitter le front, et qui s’inquiétaient de savoir si leur convalescence ne les re tiendrait pas trop longtemps à l’arrière. C'est à l'un 4* ces braves que l'op.doit...
À propos
Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.
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