Extrait du journal
tout d’abord, à occuper le Palais-Bourbon ; une partie de l’édifice était attribuée à l’Ecole polytechnique. C’est en 1807 qu’on fit construire par Payct la façade qui regarde les quais, avec ses douze colonnes. L’escalier, qui a trente-deux mètres de largeur, fut alors disposé tel qu’il est. On y plaça les colossales statues de Sully, de Col bert, de l’Hospital et de d’Aguesseau, tandis que, à l’intérieur, on donnait asile à toute une « garnison » de dieux et de héros... qui n’ont pas empêché plusieurs fois le Temple de la Loi d’être violé. Le Palais-Bourbon fut restitué, en i8t5, au prince de Condé : la Chambre des députés, pour y rester, dut payer un loyer. Ce loyer était de 124,000 francs, et cette situation, anormale au point d’être comique, dura pen dant douze ans. Enfin, le gouvernement de la Restauration acquit, pour cinq millions, « l’asile futur de l’opposition qui devait le renverser », selon le mot spirituel d’un des historiens de la Cham bre, Louis Ulbach. Mais le prince de Condé, malgré cette in demnité respectable, continua d'y garder un logement. Je rappellerai ce détail, un peu oublié, que le duc d’Aumale s’est fait aussi payer sa part du Palais-Bourbon. Héritier du prince de Condé, il se fit donner, après i83o, cinq autres millions pour céder la partie du Palais qui avait été réservée. Ce marché semblait tout naturel à la famille d’Orléans. On reconstruisit alors la salle des séances, et l’on fit à l’extérieur du Palais, d’autres modifications. Le Charivari, parlant de ces travaux et faisant allusion aux deux statues de Minerve et de Thémis, qui bordent l’escalier, eut à cette époque un mot qui fit fureur. — Les députés, dit-il, laissent, à ce qu’on voit, la Sagesse et la Justice à la porte. Le grand escalier ne sert pas aujourd'hui, et scs grilles n’ont pas été ouvertes depuis de solennelles obsèques. 11 ne servait d’ailleurs, même autrefois, qu’exceptionnellement. Napoléon en gravissait les degrés pour ouvrir les sessions du Corps législatif. Louis XVIII, pour la même solennité, entrait aussi par là dans la Chambre. Mais, devenu impotent, Son Enormité renonça à en tenter l’escalade. Ce fut au Louvre qu’il trouva plus commode de convoquer les Chambres. Louis-Philippe ne le gravit point : il faisait son entrée par la place de Bourgogne. Mais ce n’est pas le souvenir du passage des souverains qu’évoque seulement cet escalier : il a de plus belles pages d’histoire : ce fut du haut de cet escalier que l’Assemblée constituante proclama la République en 1848, au milieu d'acclama tions d'enthousiasme, de foi et d’espérance. Les statues ne manquent pas au PalaisBourbon. Chaque régime en a placé de nou velles « dans son enceinte », comme on dit volontiers en style parlementaire. A l’endroit où se trouvent, du côté de la rue de Bourgogne, dans la cour d’honneur, celles de la Force et du Courage, s’éleva, sous la seconde République, la salle qu’on appela la « Salle Je Carton ». « De carton » était une métaphore pour désigner sa fragilité. De fait, elle était en plan ches, et avait été improvisée pour abriter les Assemblées constituante et législative. Alors qu'il ne restait plus à édifier que le toit, un incident se produisit : les couvreurs se mirent en grève. On était fort embarrassé ; mais Louis Blanc fit appel au patriotisme des ouvriers et la salle put être achevée en temps utile. Le 16 janvier 1802, le prince Louis-Napoléon, suivi d’un aide de camp, descendait de voiture devant la petite porte du Palais. La nuit tom bait sur la salle où il avait siégé comme repré sentant du peuple. Il entra dans l’ancienne Chambre des députés en traversant le salon d'attente qui avait servi à Louis-Philippe et la salle où se dressent les statues de Mirabeau, de Foy. de Bailly. Après un coup d’œil jeté sur cette enceinte déserte où avaient retenti tant de voix élo quentes, il en sortit lentement. Le lendemain il décidait que la tribune des députés serait supprimée et que les journalistes n’auraient plus de places spéciales. Quant au public, il n’osa pas le bannir, parce que les séances du Corps législatif du premier empire avaient été publiques, mais les deux rangs de tribunes furent réduits à un seul. Vaines mesures ! Ce n’est jamais pour long temps que l’on étoulfe la voix d’une nation. Cette tribune qu’il avait enlevée, l’empire fut bien forcé de la rétablir, mais il se contenta d’une tribune en acajou, et, singulière écono mie, on utilisa l’ancien bureau des commissai res du gouvernement....
À propos
Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.
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