Extrait du journal

DES GAULOIS TROP GAULOIS par Ludovic NAUDEAU Nous Usons quon se préoccupe de réglementer dé finitivement l’admission des enfants A certains specta cles de cinéma. Et c’est très bien. Mais le mal qu’on veut combattre n’est pas seulement au cinéma; il eat^ partout où se propage, s'accroît et, sous prétexte de gauloiserie, rend malsains et Inquiétants certains des aspects de notre vie sociale. Ce n’est évidemment pas en faisant entendre ce que nous appellerions aujourd’hui des gauloiseries que les Gaulois résistèrent à l’organisation supérieure des Ro mains. Ce terme, très vague, de gauloiserie, n’a donc pas à se recommander du respect dû à la mémoire de nos vaillants ancêtres Examinons autour de nous ce qui se passe : un petit cirque ambulant est apparu l’autre matin dans la bour gade où Je me trouvais. 8bl tenanciers, acrobates d’un côté et marchands de chevaux de l’autre, sont très loin d’être les pauvres diables qu’on s’imaginerait d'abordLes paysans ont beaucoup d’argent; ils sont avides de , distractions et ne rechignent nullement devant les prix élevés des billets qu’on leur propose. Quand les lampes .» s'allument, le petit cirque est bondé. Deux clowns, au cours de la représentation, utilisent leur gosier plus que leur musculature et, avec Inconscience, Ils débitent une » succession de farces graveleuses, sales, tout comme si » leur public était composé uniquement d’hommes un peu « éméchés » et en veine de rigolade. Vous pensez bien qu’il n’en est pat ainsi. Traditionnellement, un cirque est un lieu de récréation dont raffolent les tout petits. Quoi de plus innocent, dans l’ancienne France, que tout ce qui chatoyait, galopait ou pirouettait dans un cir que. Autour de moi, Je vois, très nombreux, des enfants de tout âge, des adolescents, des Jeunes filles et des fem mes presque aussi Jeunes. Est-il possible que deux pail lasses irresponsables s’arrogent ainsi, sans que per sonne proteste, le droit d’infecter des esprits encore novices et leur donnent l’impression que ces plaisante ries bestiales, accueillies d'ailleurs par de gros rires des spectateurs constituent un langage admis au cours d’une soirée familiale ? Des mesures seront donc à prendre pour faite en sorte que le cirque reste le cirque et ne tombe pas au niveau crapuleux du beuglant. (Vçtr la suite en quatrième page)-...