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La Petite Gironde, 9 janvier 1922

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La Petite Gironde
9 janvier 1922


Extrait du journal

mouvement est formidable; il est sensible en France et co Allemagne. Dès la fin des hostilités, il a suffi, pour qüe l'industrie retrouvât sa prospérité, de ramener à des besognes pacifiques tout l'outillage et toute la main-d’œuvre ainsi accumulée. I^a culture était loin do mener du même train son œuvre do rénovation. Déjà déficitaire avant la guerre, la main-d’œu vre dont elle disposait avait été particu lièrement éprouvée par quatre années de sanglantes batailles; les hauts salaires de l'industrie et l’attrait des villes achevèrent de la réduire. D'ailleurs, force est de compter avec la nature môme des choses : strictement asservie aux conditions phy siques, la culture est condamnée à ne regagner que lentement le terrain qu'elle a perdu, tille n’improvise pas; U lui faut des années pour refaire les assolements, pour reconstituer le cheptel A ces raison» profondes, ajoutes que, par suite de» circonstances, une nation exclusivement agricole comme la Russie se trouvait éli minée de l’économie internationale, tandis que tes plus grandes nations industrielles, comme l’Angleterre ot les Etats-Unis, n’avaient subi qu’un dommage relative ment faible. Ainsi, par an étrange para doxe, de l'édifice économique abattu par la guerre, on reconstituait le sommet avant la base. Les conséquences d’une pareille mé thode n'ont pas tardé à éclater : la prospérité factice et prématurée qui avait suivi l'armistice a bien vite abouti à une apparente surproduction. Tout n’était pas faux dans la vieille théorie des physiocraies : les richesses agricoles sont les seules véritables en un certain sens, au moins les plus nécessaires; tant qu’elles n'auront pas été pleinement reconstituées, l'industrie, ne trouvant qu’une faculté d’achat restreinte, no pourra sans danger relever sa production. Toile est bien, semble-t-il, en dernière analyse, la cause de la crise actuelle. Pour travailler efficacement à cette re construction économique, dont ta nécessité n’a d’égale que la difficulté, il ne saurait donc suffire de relever l’Allemagne, ni même d’entreprendre la restauration de la Russie. Le mal est autrement profond; en voulant trop vile effacer l’ctîet des immenses destructions causées par la (pierre, on a achevé de ruiner un équiibre que, depuis de longues années, rendait instable le développement excessif de l’industrie. La guerre n’a fait, ici nomme ailleurs, que précipiter l’évolution. L*e monde ne reprendra son équilibre que le jour où une production agricole accrue aura porté la puissance d’achat des consommateurs au niveau de la produc tion industrie! le. Entre toutes les nations de premier rang, la Franco est privilégiée à cet égard. Pour surmonter la crise, elle n’a point à modifier les principes profonds de son économie. D’autres na tions sont moins heureusement partagées. Si la civilisation moderne est, comme le croit Gugtielmo Ferrevo, menacée d’une catastrophe analogue à celle qui détruisit le monde romain, pe n’est...

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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