Extrait du journal
peu connu. La reproduction qu’on en trouve dans l’excellent ouvrage d’Octave Aubry, pourtant riche en belles images, est malheureusement mal venu, l’en possède, en revan che, une excellente copie que m’a donnée François Duhourcau. Et c est sur cette copie qu’il m’arrive de rêver. î’est un très beau visage hi nain. L’expression n’en est certes point tendre, mais elle est ferme et pure. Elle n’est point encore alourdie par la graisse et les fardeaux du succès triomphal. La bouche est mince, un peu serrée. Le front, que cachent en partie de courtes mèches noires, est d’un dessin admirable. Non moins admirables, d’ailleurs, les yeux méditatifs, la mâchoire et le nez. Pour retrouver ce tic beauté parfaite, il nous faudra sauter par dessus dix-neuf années de gloire, et contempler le masque mortuaire, ce masque dont le docteur Burton prit l’empreinte, quarante heures après la mort de l’empereur, avec le mau vais plâtre qu’on était allé chercher de nuit, par une grosse mer, sur les récifs Je Georgc-Island. ,e portrait de 1802 n’est certes pas celui d’un saint. Ce jeune guerrier a déjà pris des décisions terribles. Il a. faute de vivres, disent les his toriens. fait fusiller les trois mille prisonniers de Jaffa dont les cada vres. par un terrible retour des choses, ont infecté l’armée même et propagé la peste. Non. ce n est pas le portrait d’un saint, mais c’est encore une figure de grande noblesse. A sa vue, l’observateur est tourmenté de maintes questions troublantes. 1802. c’est, pour Bo naparte. l’année critique, ainsi que l’a dit Victor Hugo dans un vers célèbre. On devine, on sent que ce beau jeune homme est en proie à des pensées obsédantes et. d’abord, à la tentation. Quelques jours encore, et. puisque les hom mes et les événements le poussent, le héros va céder, il va devenir un tyran. Quelques jours, quelques mois encore, et l’ambition, plus forte que ta noblesse, va. de cet archange, faire un maître cruel. Oh t je sais, la cruauté ne sera jamais un bas plaisir pour cett: âme hantée. Mais il suffit qu’elle devienne à ses yeux une nécessité pour que le désir nous touche comme il toucha Beethoven, de re fréner en nous l’élan d’admiration. 802. c’est I année de la machine in fernale. Le crime doit être châtié....
À propos
Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.
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