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La Petite Gironde, 15 juillet 1895

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La Petite Gironde
15 juillet 1895


Extrait du journal

mettre sérieusement à la besogne et de se guérir de son goût malheureux pour les séances tapageuses et pour les interpel lations A grand orchestre. A continuer comme elle a commencé, elle risquerait de déconsidérer définitivement aux yeux du pays le régime parlementaire, qui est pourtant la meilleure sauvegarde des li bertés publiques et de l’indépendance des citoyens. **• Il n’est pas sans intérêt de parcourir les commentaires des journaux anglais à pro pos des fêtes offertes à Portsmouth à l’escadrè italienne retour du canal de Kiel. Les feuilles britanniques s’accordent à se féliciter de la bonne entente qui règne entre l’Italie et la Grande-Bretagne. On ne prononce pas le mot d’alliance, mais on affirme l’existence d’une « coopération » qui rend inutile un traité en règle. Le Standard rappelle à l’Italie que, lors de sa lutte pour l’indépendance, tous les vœux et toutes les sympathies de l’Angleterre étaient avec elle. Il est vrai que la GrandeBretagne a laissé à la France le soin d’ap porter à la nation sœur un concours effectif, mais aussi, ajoute spirituellement le jour nal conservateur, « si l’Angleterre n’a pas été appelée à aider matériellement l’Italie dans cette lutte, on ne peut pas, du moins, dire qu’elle ait rien reçu comme prix de sa complaisance. » Il n’aurait plus manqué que cela ! Le Morning-Post, lui, déclare que l’Angleterre désire le développement de la marine de l’Italie, « qui l’aide dans son œuvre de gendarmerie dans la Méditer ranée ». Voilà une étrange prétention! La Médi terranée n’est pas, que nous sachions, un lac anglais ou italien; c’est une mer libre, qu’ont le môme droit de sillonner toutes les Hottes européennes, celles de la France, de la Russie et de l’Espagne, aussi bien que celles de l’Italie, de l’Angleterre, de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie. Nulle puissance n’a le privilège d’y faire la police et de s’ériger en gendarme. Il y a eu, voilà quelque soixante ans, une véri table œuvre de gendarmerie internationale à faire dans la Méditerranée contre les pirates barbaresques; mais ce n’est pas alors l’Angleterre, c’est la France qui s’en est chargée. Quant à l’Italie, elle fera bien de n’attacher qu’une médiocre importance aux protestations d’amitié des journaux britanniques et de ne pas trop se leurrer des mirages d’alliance qu’on lui fait entre voir. Par principe, l’Angleterre n’a pas d’alliés; elle accepte des auxiliaires, mais ceux-ci n’ont à attendre rien d’elle en retour. Emilb BOURBON....

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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