PRÉCÉDENT

La Petite Gironde, 17 mai 1876

SUIVANT

URL invalide

La Petite Gironde
17 mai 1876


Extrait du journal

Tapie dans sa cachette, elle entendait depuis quel ques instants un froissement bizarre dans les tail lis voisins. On marchait sur les feuilles sèches et l’on si frayait passage à travers les buissons; tel était le silence en ce moment, que Christine distin guait avec netteté le bruit que faisait le bois mort en se brisant sous les pas de cet être inconnu. Du reste, on allait et on venait comme si l’on eût suivi une piste; le bruit partait tantôt de droite, tan tôt do gauche, mais se rapprochait de plus en plus. Toujours frappée de l'idée que Léonce était à sa poursuite, Christine crut d’abord que lo hasard avait conduit de ce côté son opiniâtre protecteur, et elle se blottit de nouveau daus le creux du ro cher. Mais bientôt un doute s’empara de son esprit. Etait-ce bien Léonce qui rôdait ainsi autour d’elle? Levant la tête avec précaution, elle écarta douce ment les branches et regarda. L’excès même de la frayeur l’empêcha de pousser un cri. Ce n’était pas une créature humaine qui la poursuivait, mais un animal énorme, au poil hé rissé, à la langue rouge pendante sur ses crocs d’i voire, à l’œil étincelant. Christine, fille et nièce des chasseurs les plus renommés de la province, avait trop d’expérience en vénerie pour ne pas reconnaî tre tout d’abord un loup monstrueux; sans aucun doute, elle t»vait là devant elle la bête formidable, si friande de chair humaine, {qui avait échappé le matin même aux recherches de plusieurs centaines de chasseurs, et qu’on appelait la Bête du Gévaudan. La pauvre enfant, malgré le courage qu’elle mon trait dans les circonstances ordinaires, frissonna de tous ses membres. Cependant elle espérait encore qu’en demeurant cachée, elle ne serait pas aperçue du monstre. Immobile, retenant son haleine, elle observait avec anxiété chaque mouvement do son terrible ennemi....

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • ricard
  • paye
  • clémenceau
  • michelet
  • lamy
  • de marcère
  • de barjac
  • magnin
  • mathieu-bodet
  • frémy
  • paris
  • christine
  • domaine
  • metz
  • france
  • versailles
  • barjac
  • broglie
  • royer
  • berlin
  • la république
  • sénat
  • république française
  • assemblée nationale
  • crédit foncier
  • société générale
  • m. i.