Extrait du journal

— Je n’aurais pas survécu à votre mort, dit-elle Il ne répondit pas, détourna la tête pour éviter le regard brillant dont elle le pour suivait. Et elle ajouta, sur un ton plus bas : — Moi aussi, j’ai tout oublié; je suis fai ble, je suis lâche; je me méprise, j’ai par donné. Elle se rapprochait de Martial et ne s’é tait pas assise. Debout, elle restait auprès de lui, l’àme pleine d’angoisse devant le jeune homme, de la figure émaciée duquel elle ne pouvait détacher ses yeux. Et elle continua : — Ainsi, c’est fini entre nous, fini ce rêve que j’avais fait, fini ce doux roman d’a mour... rapide, qui n’eût qu’un premier chapitre et dont le dônoûment a failli être fatal ; finie notre liaison. J’ai voulu forcer la porte de votre cœur; j’avais cru que je n’avais besoin pour cela que d’amour, de dévouement, de tendresse. Je me suis trompée, sans doute. Il faut autre chose que je n’ai pas, que je ne puis avoir, n’estil pas vrai? Elle parlait par mots entrecoupés, tant l’émotion de ce qu’il allait répondre, de ce qu’elle allait entendre, lui étreignait le cœur. Et elle joignait les mains et ses genoux tremblaient sous elle, comme si les forces pour se soutenir allaient lui manquer. Brièvement, il répondit ces trois mots : — Jeannine sort d’ici... Elle leconsidéralonguement silencieuse, puis : — AhI vous ôtes cruel, Martial, bien cruel 1 Et, remise tout à coup, blanche et froide,....